Titre : | Petites filles : l'apprentissage de la féminité | Type de document : | Livres, articles, périodiques | Auteurs : | Catherine Monnot (1977-....), Auteur | Mention d'édition : | [Nouvelle édition] | Editeur : | Paris : Éd. Autrement | Année de publication : | 2013 | Importance : | 1 vol. (202 p.) | Présentation : | couv. ill. en coul. | Format : | 23 cm | ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-7467-3374-9 | Prix : | 17 EUR | Résumé : | Introduction
Il suffit parfois de peu de chose pour voir se dessiner sous nos yeux toute une société en action, tous ses mécanismes en construction sur quelques mètres carrés, un véritable laboratoire de la vie en collectivité. Telle est à mes yeux la cour de récréation. On y trouve les meneurs, la masse des suiveurs, les putschistes et les solitaires. On y devine l'apprentissage et le respect de la loi commune, mais aussi, déjà, les petits arrangements avec la vie et les justices expéditives. On y voit naître des sentiments de tout ordre : haine, colère, mais aussi compassion, amitié et, bien sûr, amour. Les enfants apprennent à grandir ensemble, encadrés par des adultes qui leur laissent souvent une grande latitude dans leurs expérimentations. Une chose ne peut passer inaperçue aux yeux de l'observateur de cette microsociété : les garçons d'un côté, les filles de l'autre. Si l'on cherche les élèves de primaire les plus âgés, on découvre des garçons jouant au foot, aînés privilégiés du CM2, courant, criant, chahutant... entre eux. Les filles du même âge sont plus dispersées, mais restent aussi entre elles, sous un arbre ou sous le préau, sur un banc, dans un recoin tranquille qu'elles se sont approprié au fil des mois. Elles dansent, chantent et se maquillent parfois, mais bien souvent, elles passent tout le temps de la récréation ou du déjeuner simplement à discuter, par petits groupes, parfois juste à deux. Ce tableau, qui frôle la caricature, n'en est pas moins frappant par sa récurrence, quels que soient les pays d'Europe, les régions de France et les milieux sociaux. La mixité apparaît à bien des égards comme un mythe de l'enfance puisque toujours on assiste aux mêmes scènes de «ségrégation spontanée» : plus de bâtiments séparés, plus de mur ni de ligne jaune pour délimiter les deux cours, et pourtant les deux sexes n'en continuent pas moins à refuser la fusion. À l'heure de l'égalité républicaine et de la parité, ces enfants rejouent la partition entre féminin et masculin, et semblent questionner la vision démocratique du monde que nous tentons de leur transmettre.
Le monde de l'enfance est par ailleurs considéré par les sociologues et les anthropologues comme une sous-culture à part entière, structurée autour de codes (langagiers, corporels, vestimentaires, etc.), de pratiques et de valeurs propres, partiellement autonomes vis-à-vis du monde adulte. Selon la psychologie du développement qui tente d'en définir les contours, cette enfance contemporaine commencerait aux alentours de 4 ans et se terminerait vers 11 ou 12 ans à la fin de la période dite «de latence», selon la psychologie freudienne, encore appelée «stade de la pensée catégorielle», où l'enfant a pris connaissance du monde extérieur par l'expérimentation, au travers d'objets et de fortes relations sociales. Du point de vue de la physiologie, cette période de la vie se terminerait par le début de la puberté, dont on sait qu'elle est devenue plus précoce depuis deux siècles. Les sciences sociales ont par ailleurs repéré des tranches d'âge nombreuses et précises, souvent liées à la progression dans le cursus scolaire. Ainsi, l'arrivée dans le secondaire entre 10 et 11 ans marque une étape symbolique, celle de l'entrée dans le monde des «jeunes», avec l'émergence de nouvelles pratiques et de revendications d'autonomie. |
Petites filles : l'apprentissage de la féminité [Livres, articles, périodiques] / Catherine Monnot (1977-....), Auteur . - [Nouvelle édition] . - Paris : Éd. Autrement, 2013 . - 1 vol. (202 p.) : couv. ill. en coul. ; 23 cm. ISBN : 978-2-7467-3374-9 : 17 EUR Résumé : | Introduction
Il suffit parfois de peu de chose pour voir se dessiner sous nos yeux toute une société en action, tous ses mécanismes en construction sur quelques mètres carrés, un véritable laboratoire de la vie en collectivité. Telle est à mes yeux la cour de récréation. On y trouve les meneurs, la masse des suiveurs, les putschistes et les solitaires. On y devine l'apprentissage et le respect de la loi commune, mais aussi, déjà, les petits arrangements avec la vie et les justices expéditives. On y voit naître des sentiments de tout ordre : haine, colère, mais aussi compassion, amitié et, bien sûr, amour. Les enfants apprennent à grandir ensemble, encadrés par des adultes qui leur laissent souvent une grande latitude dans leurs expérimentations. Une chose ne peut passer inaperçue aux yeux de l'observateur de cette microsociété : les garçons d'un côté, les filles de l'autre. Si l'on cherche les élèves de primaire les plus âgés, on découvre des garçons jouant au foot, aînés privilégiés du CM2, courant, criant, chahutant... entre eux. Les filles du même âge sont plus dispersées, mais restent aussi entre elles, sous un arbre ou sous le préau, sur un banc, dans un recoin tranquille qu'elles se sont approprié au fil des mois. Elles dansent, chantent et se maquillent parfois, mais bien souvent, elles passent tout le temps de la récréation ou du déjeuner simplement à discuter, par petits groupes, parfois juste à deux. Ce tableau, qui frôle la caricature, n'en est pas moins frappant par sa récurrence, quels que soient les pays d'Europe, les régions de France et les milieux sociaux. La mixité apparaît à bien des égards comme un mythe de l'enfance puisque toujours on assiste aux mêmes scènes de «ségrégation spontanée» : plus de bâtiments séparés, plus de mur ni de ligne jaune pour délimiter les deux cours, et pourtant les deux sexes n'en continuent pas moins à refuser la fusion. À l'heure de l'égalité républicaine et de la parité, ces enfants rejouent la partition entre féminin et masculin, et semblent questionner la vision démocratique du monde que nous tentons de leur transmettre.
Le monde de l'enfance est par ailleurs considéré par les sociologues et les anthropologues comme une sous-culture à part entière, structurée autour de codes (langagiers, corporels, vestimentaires, etc.), de pratiques et de valeurs propres, partiellement autonomes vis-à-vis du monde adulte. Selon la psychologie du développement qui tente d'en définir les contours, cette enfance contemporaine commencerait aux alentours de 4 ans et se terminerait vers 11 ou 12 ans à la fin de la période dite «de latence», selon la psychologie freudienne, encore appelée «stade de la pensée catégorielle», où l'enfant a pris connaissance du monde extérieur par l'expérimentation, au travers d'objets et de fortes relations sociales. Du point de vue de la physiologie, cette période de la vie se terminerait par le début de la puberté, dont on sait qu'elle est devenue plus précoce depuis deux siècles. Les sciences sociales ont par ailleurs repéré des tranches d'âge nombreuses et précises, souvent liées à la progression dans le cursus scolaire. Ainsi, l'arrivée dans le secondaire entre 10 et 11 ans marque une étape symbolique, celle de l'entrée dans le monde des «jeunes», avec l'émergence de nouvelles pratiques et de revendications d'autonomie. |
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