Titre : | Une histoire à quatre voix | Type de document : | Livres, articles, périodiques | Auteurs : | Anthony Browne (1946-....), Auteur | Editeur : | [Paris] : Kaléidoscope | Année de publication : | 1998 | Importance : | n.p. - [ 32 ] p. | Présentation : | ill - Dessins | ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-87767-239-9 | Langues : | Français (fre) | Mots-clés : | AMITIE DIFFERENCE ANTISEXISME | Index. décimale : | 82-93 Littérature pour enfants. Littérature de jeunesse | Résumé : | Récit polyphonique, cet album fait se succéder quatre narrations différentes d'un même événement: une promenade au parc municipal de deux enfants, de leur parent respectif et de leurs chiens. Seuls les enfants et les chiens sympathisent. Enfermés dans leur position sociale, la mère du gamin (une bourgeoise) et le père de la fillette (un chômeur) ne se rencontrent même pas. Chacun des protagonistes raconte, de son propre point de vue, sa promenade. Ces points de vue s'accordent à la personnalité de chacun et sa vision du monde. Les dessins évoquent l'univers surréaliste de Magritte et leurs couleurs semblent au diapason de l'humeur et de l'état d'esprit des narrateurs. Ils méritent une observation minutieuse car chaque détail est signifiant ou peut être interprété comme tel.Si vous désirez lire une analyse plus pointue, Tapez sur la touche F6 | Note de contenu : | Une histoire à quatre voix, d'Anthony Browne, est certainement l'album qui incarne au plus haut degré
ce jeu sur la focalisation. Adoptant le modèle du récit polyphonique, cet album fait se succéder quatre narrations différentes d'un même événement.
Chaque "voix" narrative est en focalisation interne: un personnage donne sa version des faits. À ce récit subjectif correspondent des images proposant pour
la plupart un point de vue extérieur. La première image de cet album propose ainsi un plan d'ensemble montrant le personnage-narrateur du texte
dans son environnement, en perspective frontale. Cependant, cette objectivité n'est pas tenue. De même que les typographies varient d'une voix à
l'autre, les styles graphiques, les couleurs utilisées et les décors représentés diffèrent sensiblement. La quatrième voix annoncée par le texte, qui est celle
de Réglisse, se trouve ainsi fortement empreinte de subjectivité. Page 25, la représentation caricaturale de la mère de Charles et le cadrage en contre-plongée
indiquent que c'est bien le point de vue de Réglisse qui est adopté; tout comme pour l'image de la page suivante, qui est vue à travers les yeux de Réglisse
en conformité avec le texte (cette image reprend la scène déjà montrée page 5 dans laquelle ce personnage apparaissait à peine, coupé par le cadre).
En revanche, nous quittons manifestement le point de vue de la petite "fille" page 27 lorsque Charles se trouve représenté de dos au premier plan:
une scène décrite par un personnage-narrateur peut donc épouser le point de vue d'un autre personnage. Ce travail de focalisation des images
s'avère finalement très complexe.
C'est le cas de la dernière image du récit de Charles qui adopte le point de vue de Réglisse, restée seule et qui le voit s'éloigner. Une
vision subjective dont nous aurons confirmation lors de l'image finale qui reprend le même positionnement.
Identifier, confronter, comparer ces effets de focalisation permet de saisir la très forte charge émotionnelle de cette rencontre.
Maria Ikolajeva et Carole Scott concluent leur chapitre sur le point de vue en affirmant que, très fréquemment, les albums font
coïncider une vision subjective de l'image, en multipliant par exemple les effets de cadrages en contre-plongée, avec un texte moralisateur en focalisation
externe visant l'adhésion aux thèses de l'auteur par le jeune lecteur.
Extrait de "Lire l'album" de Sophie Van der Linden
Ed: l'atelier du poisson soluble |
Une histoire à quatre voix [Livres, articles, périodiques] / Anthony Browne (1946-....), Auteur . - [Paris] ([Paris]) : Kaléidoscope, 1998 . - n.p. - [ 32 ] p. : ill - Dessins. ISBN : 978-2-87767-239-9 Langues : Français ( fre) Mots-clés : | AMITIE DIFFERENCE ANTISEXISME | Index. décimale : | 82-93 Littérature pour enfants. Littérature de jeunesse | Résumé : | Récit polyphonique, cet album fait se succéder quatre narrations différentes d'un même événement: une promenade au parc municipal de deux enfants, de leur parent respectif et de leurs chiens. Seuls les enfants et les chiens sympathisent. Enfermés dans leur position sociale, la mère du gamin (une bourgeoise) et le père de la fillette (un chômeur) ne se rencontrent même pas. Chacun des protagonistes raconte, de son propre point de vue, sa promenade. Ces points de vue s'accordent à la personnalité de chacun et sa vision du monde. Les dessins évoquent l'univers surréaliste de Magritte et leurs couleurs semblent au diapason de l'humeur et de l'état d'esprit des narrateurs. Ils méritent une observation minutieuse car chaque détail est signifiant ou peut être interprété comme tel.Si vous désirez lire une analyse plus pointue, Tapez sur la touche F6 | Note de contenu : | Une histoire à quatre voix, d'Anthony Browne, est certainement l'album qui incarne au plus haut degré
ce jeu sur la focalisation. Adoptant le modèle du récit polyphonique, cet album fait se succéder quatre narrations différentes d'un même événement.
Chaque "voix" narrative est en focalisation interne: un personnage donne sa version des faits. À ce récit subjectif correspondent des images proposant pour
la plupart un point de vue extérieur. La première image de cet album propose ainsi un plan d'ensemble montrant le personnage-narrateur du texte
dans son environnement, en perspective frontale. Cependant, cette objectivité n'est pas tenue. De même que les typographies varient d'une voix à
l'autre, les styles graphiques, les couleurs utilisées et les décors représentés diffèrent sensiblement. La quatrième voix annoncée par le texte, qui est celle
de Réglisse, se trouve ainsi fortement empreinte de subjectivité. Page 25, la représentation caricaturale de la mère de Charles et le cadrage en contre-plongée
indiquent que c'est bien le point de vue de Réglisse qui est adopté; tout comme pour l'image de la page suivante, qui est vue à travers les yeux de Réglisse
en conformité avec le texte (cette image reprend la scène déjà montrée page 5 dans laquelle ce personnage apparaissait à peine, coupé par le cadre).
En revanche, nous quittons manifestement le point de vue de la petite "fille" page 27 lorsque Charles se trouve représenté de dos au premier plan:
une scène décrite par un personnage-narrateur peut donc épouser le point de vue d'un autre personnage. Ce travail de focalisation des images
s'avère finalement très complexe.
C'est le cas de la dernière image du récit de Charles qui adopte le point de vue de Réglisse, restée seule et qui le voit s'éloigner. Une
vision subjective dont nous aurons confirmation lors de l'image finale qui reprend le même positionnement.
Identifier, confronter, comparer ces effets de focalisation permet de saisir la très forte charge émotionnelle de cette rencontre.
Maria Ikolajeva et Carole Scott concluent leur chapitre sur le point de vue en affirmant que, très fréquemment, les albums font
coïncider une vision subjective de l'image, en multipliant par exemple les effets de cadrages en contre-plongée, avec un texte moralisateur en focalisation
externe visant l'adhésion aux thèses de l'auteur par le jeune lecteur.
Extrait de "Lire l'album" de Sophie Van der Linden
Ed: l'atelier du poisson soluble |
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