Titre : | Allô! police : Au nom de la loi | Type de document : | K7 vidéo, DVD | Auteurs : | Daniel Nokin, Auteur | Editeur : | RTBF | Année de publication : | 1988 | Langues : | Français (fre) | Mots-clés : | Police | Résumé : | Mercredi 14 décembre 1988
Manu Bonmariage poursuit son exploration de la société avec Allô! police. Une mise à plat d'un quotidien qui n'a rien de spectaculaire en soi mais qui touche le téléspectateur
En décidant de consacrer un long reportage aux interventions quotidiennes de la police de Charleroi, Manu Bonmariage ne pensait pas à ce qui constitue les clichés les plus spectaculaires de l'action policière: interventions rapides et dangereuses, poursuites de gangsters, etc. Car le travail quotidien de la police concerne beaucoup plus la face cachée de la vie des gens, les problèmes qu'ils rencontrent et dont la presse ne fait pas ses gros titres, les difficultés de vivre dans un monde qui les repousse parfois.
Une des caractéristiques du tournage d'Allô police en fut le caractère improvisé. Quand l'équipe - une équipe très réduite, composée seulement d'un preneur de son et de Manu Bonmariage lui-même à la caméra - partait avec la voiture de la police, elle ne savait jamais très bien sur quel genre d'histoire elle allait tomber. Et une fois sur trois d'ailleurs, en voyant arriver la caméra, les personnes concernées lui fermaient leur porte. Ce qui était d'ailleurs bien leur droit. Lors de la présentation du film à la presse il y a quelques mois, Manu Bonmariage relevait que ce refus avait été davantage le fait des familles vivant aisément que celles des milieux moins favorisés.
Ce qu'on retient du film dans son ensemble, c'est qu'il montre des personnes en situation de crise. Crises mineures le plus souvent, mais aux conséquences imprévisibles, puisqu'un des faits divers dont il est question dans Allô police - une querelle de voisinage - débouchera sur le suicide d'un adolescent pour qui le poids de cette atmosphère est devenu proprement invivable. On ne peut donc plus parler de «crises mineures» quand elles débouchent sur de tels drames.
Ainsi, on n'a pas du tout envie de rire - même si Manu Bonmariage a construit son film selon les bonnes vieilles lois de la progression dramatique - d'un vieux qui parle tout seul, oubliant complètement la présence de la caméra, des policiers et même de son épouse pour raconter sa vie. Ou de celui que deux policiers ramassent en rue, endormi, complètement ivre, et qui a bien du mal à leur expliquer où il habite pour qu'ils l'y ramènent. Ou des histoires de chiens bruyants. Combien de ces anecdotes qui peuvent même paraître plaisantes, faire l'objet de bons mots, tournent mal?
De toute manière, cette plongée dans un monde où le tapage des voisins est obsédant - c'est une des constantes - en compagnie de policiers qui tentent, dans un premier temps, d'aplanir les différends, est un voile qui se lève pour nous montrer ce que Manu Bonmariage appelle «une société duale»: «Pour certains, la crise économique est passée, pour les autres elle ne fait que s'accentuer. Ce film, Allô police, est en fait la suite logique de la vie des gens qui perdaient leur emploi dans Du beurre sur les tartines.»
Une chose fait de ce film, qui aurait pu n'être qu'un témoignage comme un autre, une oeuvre exceptionnelle: la qualité du regard de Manu Bonmariage qui, derrière sa caméra, ne se moque jamais du sort de ceux qu'il prend en images sans les prendre en otages. Une sorte de compassion ressort des images qui ne nécessitent pas de commentaire extérieur, parce qu'elles contiennent tout. Et qu'elles nous font éprouver le même sentiment.
PIERRE MAURY.
«Au nom de la loi», R.T.B.F. 1, 20 heures.
(http://archives.lesoir.be/apres-du-beurre-sur-les-tartines-et-malaises-_t-19881214-Z016M9.html) |
Allô! police : Au nom de la loi [K7 vidéo, DVD] / Daniel Nokin, Auteur . - [S.l.] : RTBF, 1988. Langues : Français ( fre) Mots-clés : | Police | Résumé : | Mercredi 14 décembre 1988
Manu Bonmariage poursuit son exploration de la société avec Allô! police. Une mise à plat d'un quotidien qui n'a rien de spectaculaire en soi mais qui touche le téléspectateur
En décidant de consacrer un long reportage aux interventions quotidiennes de la police de Charleroi, Manu Bonmariage ne pensait pas à ce qui constitue les clichés les plus spectaculaires de l'action policière: interventions rapides et dangereuses, poursuites de gangsters, etc. Car le travail quotidien de la police concerne beaucoup plus la face cachée de la vie des gens, les problèmes qu'ils rencontrent et dont la presse ne fait pas ses gros titres, les difficultés de vivre dans un monde qui les repousse parfois.
Une des caractéristiques du tournage d'Allô police en fut le caractère improvisé. Quand l'équipe - une équipe très réduite, composée seulement d'un preneur de son et de Manu Bonmariage lui-même à la caméra - partait avec la voiture de la police, elle ne savait jamais très bien sur quel genre d'histoire elle allait tomber. Et une fois sur trois d'ailleurs, en voyant arriver la caméra, les personnes concernées lui fermaient leur porte. Ce qui était d'ailleurs bien leur droit. Lors de la présentation du film à la presse il y a quelques mois, Manu Bonmariage relevait que ce refus avait été davantage le fait des familles vivant aisément que celles des milieux moins favorisés.
Ce qu'on retient du film dans son ensemble, c'est qu'il montre des personnes en situation de crise. Crises mineures le plus souvent, mais aux conséquences imprévisibles, puisqu'un des faits divers dont il est question dans Allô police - une querelle de voisinage - débouchera sur le suicide d'un adolescent pour qui le poids de cette atmosphère est devenu proprement invivable. On ne peut donc plus parler de «crises mineures» quand elles débouchent sur de tels drames.
Ainsi, on n'a pas du tout envie de rire - même si Manu Bonmariage a construit son film selon les bonnes vieilles lois de la progression dramatique - d'un vieux qui parle tout seul, oubliant complètement la présence de la caméra, des policiers et même de son épouse pour raconter sa vie. Ou de celui que deux policiers ramassent en rue, endormi, complètement ivre, et qui a bien du mal à leur expliquer où il habite pour qu'ils l'y ramènent. Ou des histoires de chiens bruyants. Combien de ces anecdotes qui peuvent même paraître plaisantes, faire l'objet de bons mots, tournent mal?
De toute manière, cette plongée dans un monde où le tapage des voisins est obsédant - c'est une des constantes - en compagnie de policiers qui tentent, dans un premier temps, d'aplanir les différends, est un voile qui se lève pour nous montrer ce que Manu Bonmariage appelle «une société duale»: «Pour certains, la crise économique est passée, pour les autres elle ne fait que s'accentuer. Ce film, Allô police, est en fait la suite logique de la vie des gens qui perdaient leur emploi dans Du beurre sur les tartines.»
Une chose fait de ce film, qui aurait pu n'être qu'un témoignage comme un autre, une oeuvre exceptionnelle: la qualité du regard de Manu Bonmariage qui, derrière sa caméra, ne se moque jamais du sort de ceux qu'il prend en images sans les prendre en otages. Une sorte de compassion ressort des images qui ne nécessitent pas de commentaire extérieur, parce qu'elles contiennent tout. Et qu'elles nous font éprouver le même sentiment.
PIERRE MAURY.
«Au nom de la loi», R.T.B.F. 1, 20 heures.
(http://archives.lesoir.be/apres-du-beurre-sur-les-tartines-et-malaises-_t-19881214-Z016M9.html) |
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