[article] in Les Dossiers de l'Obstétrique > 403 (Avril 2011) . - p. 24-29 Titre : | Allaitement maternel et familles vulnérables : comment accompagner les mères? Une expérience à partager... | Type de document : | Livres, articles, périodiques | Auteurs : | Martine Huot-Marchand | Année de publication : | 2011 | Article en page(s) : | p. 24-29 | Langues : | Français (fre) | Mots-clés : | Allaitement maternel Anthropologie Culture (sociologie) Famille Pauvreté Relation d'aide Sociétés Sociologie | Résumé : | Le lait maternel est reconnu comme le meilleur aliment pour le nouveau-né et il est recommandé d'allaiter exclusivement le nourrisson durant les premiers mois de vie. Toutes les mères savent cela, même les plus vulnérables. Cependant les taux d'allaitement maternel demeurent faibles chez les femmes de milieu défavorisé. Isolement, effritement du réseau social, relation désastreuse avec leur corps, misère affective, ce non-allaitement est parfois le symptôme d'un mal-être profond. De plus, elles ont peu l'occasion de voir allaiter (dans leur entourage, les femmes n'allaitent pas) et, malgré un discours en faveur du lait maternel, l'attitude de la société est globalement peu favorable à la pratique et la poursuite de l'allaitement. Pourtant, la plupart des professionnels considèrent que l'allaitement maternel chez les mères en situation de précarité est une évidence, qu'il va de soi car il est garant de la survie de l'enfant. C'est rarement le cas. Influencer leur choix d'allaiter en se contentant de lister les bienfaits et les avantages de ce mode d'alimentation n'est pas efficace parce que le geste d'allaiter reste avant tout une expérience individuelle, une relation sensible entre la mère et son bébé, où l'histoire de l'un et celle de l'autre se partagent, dans un contexte familial parfois précaire, au sein d'un environnement proche, généralement peu soutenant. Après trente ans d'expérience professionnelle de PMI, j'ai appris, compris, souffert, combien le seul savoir du professionnel devait se proposer à petits pas, au sein d'échanges authentiques, où la réponse qui convient jaillit d'elle-même si la relation de confiance s'est établie et s'inscrit dans la durée. Dans un premier temps, il importe de comprendre les mécanismes sous-jacents au choix ou au non-choix d'allaiter chez les mères en difficultés psychosociales. Mieux les accompagner, implique une connaissance approfondie des facteurs qui influencent le début et la durée de l'allaitement maternel dans les milieux défavorisés, afin d'adapter l'attitude et la pratique des professionnels et des bénévoles aux besoins et aux attentes des familles plus vulnérables. Différentes enquêtes auprès des mères de milieux défavorisés ont été menées dans le monde depuis les années 1980-1990. Elles sont intéressantes à prendre en compte à condition de croiser leurs analyses aux approches sociologiques ou anthropologiques actuelles car elles abordent autrement les raisons profondes des mères. |
[article] Allaitement maternel et familles vulnérables : comment accompagner les mères? Une expérience à partager... [Livres, articles, périodiques] / Martine Huot-Marchand . - 2011 . - p. 24-29. Langues : Français ( fre) in Les Dossiers de l'Obstétrique > 403 (Avril 2011) . - p. 24-29 Mots-clés : | Allaitement maternel Anthropologie Culture (sociologie) Famille Pauvreté Relation d'aide Sociétés Sociologie | Résumé : | Le lait maternel est reconnu comme le meilleur aliment pour le nouveau-né et il est recommandé d'allaiter exclusivement le nourrisson durant les premiers mois de vie. Toutes les mères savent cela, même les plus vulnérables. Cependant les taux d'allaitement maternel demeurent faibles chez les femmes de milieu défavorisé. Isolement, effritement du réseau social, relation désastreuse avec leur corps, misère affective, ce non-allaitement est parfois le symptôme d'un mal-être profond. De plus, elles ont peu l'occasion de voir allaiter (dans leur entourage, les femmes n'allaitent pas) et, malgré un discours en faveur du lait maternel, l'attitude de la société est globalement peu favorable à la pratique et la poursuite de l'allaitement. Pourtant, la plupart des professionnels considèrent que l'allaitement maternel chez les mères en situation de précarité est une évidence, qu'il va de soi car il est garant de la survie de l'enfant. C'est rarement le cas. Influencer leur choix d'allaiter en se contentant de lister les bienfaits et les avantages de ce mode d'alimentation n'est pas efficace parce que le geste d'allaiter reste avant tout une expérience individuelle, une relation sensible entre la mère et son bébé, où l'histoire de l'un et celle de l'autre se partagent, dans un contexte familial parfois précaire, au sein d'un environnement proche, généralement peu soutenant. Après trente ans d'expérience professionnelle de PMI, j'ai appris, compris, souffert, combien le seul savoir du professionnel devait se proposer à petits pas, au sein d'échanges authentiques, où la réponse qui convient jaillit d'elle-même si la relation de confiance s'est établie et s'inscrit dans la durée. Dans un premier temps, il importe de comprendre les mécanismes sous-jacents au choix ou au non-choix d'allaiter chez les mères en difficultés psychosociales. Mieux les accompagner, implique une connaissance approfondie des facteurs qui influencent le début et la durée de l'allaitement maternel dans les milieux défavorisés, afin d'adapter l'attitude et la pratique des professionnels et des bénévoles aux besoins et aux attentes des familles plus vulnérables. Différentes enquêtes auprès des mères de milieux défavorisés ont été menées dans le monde depuis les années 1980-1990. Elles sont intéressantes à prendre en compte à condition de croiser leurs analyses aux approches sociologiques ou anthropologiques actuelles car elles abordent autrement les raisons profondes des mères. |
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