[article] in Perspective soignante > Numéro 63 (Décembre 2018) . - p. 7-25 Titre : | Les soins palliatifs - se confronter à la mort dans la société contemporaine | Type de document : | Livres, articles, périodiques | Auteurs : | Véronique Avérous, | Année de publication : | 2018 | Article en page(s) : | p. 7-25 | Langues : | Français (fre) | Mots-clés : | Attitude envers la mort Soins palliatifs / histoire Honte Médecine palliative Équipe soignante Psychanalyse Inconscient (psychologie) équipe mobile de soins palliatifs néolibéralisme | Résumé : | L'auteure s'interroge sur les raisons des difficultés éprouvées par les services à recourir aux équipes de soins palliatifs. Elle considère que les soins palliatifs sont parcourus depuis l'origine par un "impensé", en lien avec un éprouvé de honte qui prend de multiples formes.
Dès l'origine, l'introduction des soins palliatifs a suscité une réaction ambivalente : enthousiame et gêne. Ce mouvement n'a pas toujours été bien accepté dans un contexte professionnel marqué par la technoscience.
La question de l'échec que constitue pour certains le recours à une équipe mobile de SP participe à cette réserve. Des équipes ne souhaitent pas voir les professionnels de soins palliatifs pénétrer dans leur environnement. C'est souvent le cas dans les services de grande technicité, comme l'hématologie. La situation des soins palliatifs est paradoxale : entre reconnaissance et gêne ou honte.
L'auteur note que ce type de conflits apparaît également à l'intérieur même des équipes de soins palliatifs : les soignants sont en effet parcourus de conflits qui peuvent avoir des liens avec l'impensable de la mort et le fantasme de toute puissance. Parmi les professionnels de ce secteur, il existe une volonté de toute-puissance : il s'agirait de faire taire toute souffrance pour ainsi empêcher que des personnes en viennent à préférer la mort plutôt que la souffrance qu'ils subissent. La pluridisciplinarité pourrait faire croire en la possibilité de circonscrire la mort.
Pour l'auteure, il n'est pas anodin que les SP aient émergé dans les années 1980, alors que le néolibéralisme commençait à se répandre. La honte liée aux SP concerne également la dimension sociale. Le patient éprouve souvent un sentiment de honte suite à la perte de l'image sociale dans laquelle le précipite la maladie grave. Cette image sociale perdue est d'autant plus profonde qu'elle s'inscrit dans dans un monde régi par la performance et l'autonomie. Une nouvelle honte apparaît, celle d'être un "homme jetable".
Cet article est extrait de l'ouvrage écrit par l'auteure "Les soins palliatifs : au défi éthique de la reconnaissance et de l'ouverture à autrui", Seli Arslan, 2019.
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[article] Les soins palliatifs - se confronter à la mort dans la société contemporaine [Livres, articles, périodiques] / Véronique Avérous, . - 2018 . - p. 7-25. Langues : Français ( fre) in Perspective soignante > Numéro 63 (Décembre 2018) . - p. 7-25 Mots-clés : | Attitude envers la mort Soins palliatifs / histoire Honte Médecine palliative Équipe soignante Psychanalyse Inconscient (psychologie) équipe mobile de soins palliatifs néolibéralisme | Résumé : | L'auteure s'interroge sur les raisons des difficultés éprouvées par les services à recourir aux équipes de soins palliatifs. Elle considère que les soins palliatifs sont parcourus depuis l'origine par un "impensé", en lien avec un éprouvé de honte qui prend de multiples formes.
Dès l'origine, l'introduction des soins palliatifs a suscité une réaction ambivalente : enthousiame et gêne. Ce mouvement n'a pas toujours été bien accepté dans un contexte professionnel marqué par la technoscience.
La question de l'échec que constitue pour certains le recours à une équipe mobile de SP participe à cette réserve. Des équipes ne souhaitent pas voir les professionnels de soins palliatifs pénétrer dans leur environnement. C'est souvent le cas dans les services de grande technicité, comme l'hématologie. La situation des soins palliatifs est paradoxale : entre reconnaissance et gêne ou honte.
L'auteur note que ce type de conflits apparaît également à l'intérieur même des équipes de soins palliatifs : les soignants sont en effet parcourus de conflits qui peuvent avoir des liens avec l'impensable de la mort et le fantasme de toute puissance. Parmi les professionnels de ce secteur, il existe une volonté de toute-puissance : il s'agirait de faire taire toute souffrance pour ainsi empêcher que des personnes en viennent à préférer la mort plutôt que la souffrance qu'ils subissent. La pluridisciplinarité pourrait faire croire en la possibilité de circonscrire la mort.
Pour l'auteure, il n'est pas anodin que les SP aient émergé dans les années 1980, alors que le néolibéralisme commençait à se répandre. La honte liée aux SP concerne également la dimension sociale. Le patient éprouve souvent un sentiment de honte suite à la perte de l'image sociale dans laquelle le précipite la maladie grave. Cette image sociale perdue est d'autant plus profonde qu'elle s'inscrit dans dans un monde régi par la performance et l'autonomie. Une nouvelle honte apparaît, celle d'être un "homme jetable".
Cet article est extrait de l'ouvrage écrit par l'auteure "Les soins palliatifs : au défi éthique de la reconnaissance et de l'ouverture à autrui", Seli Arslan, 2019.
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