Titre : | Qu'est-ce que l'homme ? Cours familier d'anthropologie | Type de document : | Livres, articles, périodiques | Auteurs : | Chantal DELSOL | Editeur : | Paris : Editions du Cerf | Année de publication : | 2008 | Collection : | (La nuit surveillée) | Importance : | 192 p. | ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-204-08586-1 | Note de contenu : | Résumés des chapitres
Introduction.
Chapitre premier: La mortalité et la différenciation.
------------------------------------------------------
La conscience de la mortalité signe l'apparition de l'humain, en même temps qu'elle marque la différenciation individuelle.
Tous les mythes cosmogoniques mettent en scène les hommes spécifiés par leur mortalité.
Il s'agit bien là d'une compréhension universelle. L'histoire de Gilgamesh: dès que l'homme commence à écrire, c'est pour redouter
sa propre mort.
L'humanité a trouvé deux réponses à la tragédie de la mortalité: les religions espèrent vaincre la mort par l'éternité ou l'immortalité;
les sagesses décrivent la mort comme une illusion. Socrate et le Christ. Les idéologies gomment la mort en effaçant l'individualité.
La technique contemporaine annonce une immortalité biologique. Laquelle est un leurre: le monde n'est vivant que parce que éternellement jeune.
Chapitre II : Une société est immortelle.
-----------------------------------------
À la différence d'un individu, un peuple est programmé pour« vivre toujours ». La volonté d'immortalité symbolique tient à notre certitude
que l'être vaut mieux que le non-être. L'exigence de la durée et l'idée de «salut» : une société doit-elle durer à n'importe quel prix ?
Comment les anciens et les renaissants ont fait passer le salut devant la morale, jusqu'au nazisme qui est une idéologie du salut;
comment l'idée chrétienne depuis Augustin et la doctrine des droits de l'homme contemporaine accordent priorité à la morale sur le salut.
Le suicide d'un peuple et la crainte de la disparition collective. Aujourd'hui, celle-ci concerne non plus une société, mais l'humanité
entière. Le nihilisme et le dernier homme. Seules l'espérance et l'acceptation du risque conditionnent la durée. Caractéristiques des peuples de
l'avenir.
Chapitre III: Éthique: l'intuition universelle de la norme.
----------------------------------------------------------
La différenciation du bien et du mal est commune à toutes les sociétés humaines. L'embryon de morale découvert chez les animaux supérieurs.
Dans tous les mythes cosmogoniques, la distinction qui engendre les êtres à partir du chaos est suivie de la séparation qui engendre le mal.
L'homme doit être séparé pour être, mais il doit être en relation pour bien être. Le bien qui réunit et le mal qui sépare reçoivent en tant que
tels une signification universelle. Quatre cas de délabrement moral montrent que l'humanité ne peut se défaire de la conscience éthique:
la légitimation perverse du principe de séparation dans le nazisme, la déliaison sociale de la tribu des Iks, la dé-différenciation
ou retour au chaos dans les idéologies égalitaires et le relativisme qui les prolonge.
L'expérience historique stigmatise de la même façon les tentatives manichéennes, rapidement totalitaires, de distribuer le bien et le mal par
répartition entre les groupes humains: le paradoxe moral est universellement partagé.
Chapitre IV : La transmission.
------------------------------
La culture transforme l'hominidé en humanisé. L'homme est au plus haut point l'être-qui-transmet, et chacun naît nanti d'un héritage qu'il
n'a pas choisi. On ne transmet pas seulement la culture savante, mais surtout l'art de vivre, ou civilisation, sans laquelle la culture devient
barbare. Il faut distinguer le collectivisme, qui engage une production des êtres par le dressage anonyme, et la transmission, qui suscite la
fécondité par l'attention et le témoignage personnel.
La modernité tardive entretient un désespoir qui ridiculise la transmission par le mépris et la dérision. Cette éclipse relève de plusieurs
causes: le mécanisme de la transmission a été corrompu par excès d'autorité; la culture a été dépravée en barbarie.
Le caractère substantiel et vital de la transmission apparaît lorsque celle-ci fait défaut.
Chapitre V : La relation et la distance.
----------------------------------------
La relation est anthropologique parce que l'humain est essentiellement lacunaire: identifié par des caractères, il manque de ce qu'il n'est
pas. Mais la relation n'est pas fusion: elle suppose la distinction et la séparation.
L'acte du don représente l'expression première de la relation, et suppose l'existence de la dette qui elle-même fonde le lien.
C'est pour échapper à la dette et à l'inégalité du don que certaines sociétés contemporaines suppriment le don et le remplacent par le
dû, l'allocation anonyme. La relation cesse d'être une fin, au profit de l'égalité. L'individu, «libéré» du besoin de l'autre, rapidement se replie
sur lui-même et ne s'efforce plus de «devenir », ce qui est le propre de tout humain. En même temps se raréfie la relation civile, ou décence
commune, qui seule rend une société fréquentable. La relation n'existe que dans la reconnaissance de la différence plus loin que le simple folklore.
L'in-différenciation marque I'incapacité du lien
Chapitre VI: L'enracinement et l'émancipation.
----------------------------------------------
La volonté de s'arracher à sa condition fait elle-même partie de la condition humaine. D'où un paradoxe constitutif. L'homme a toujours
besoin d'enracinement, parce qu'il est ancré dans un destin anthropologique et culturel; il veut aussi s'émanciper de la souffrance du
destin, et en ce sens il est toujours ailleurs. L'émancipation signifie la recherche d'un enracinement plus adapté, plus libre et plus juste:
si elle s'aventure à vouloir supprimer tout enracinement, elle détruit l'humain par perversion. Du bivouac de Trotski au citoyen du monde,
les perversions non reconnues de l'émancipation. Revenir aux Lumières de Vico: l 'homme est un «glébeux» qui rêve. |
Qu'est-ce que l'homme ? Cours familier d'anthropologie [Livres, articles, périodiques] / Chantal DELSOL . - Paris (Paris) : Editions du Cerf, 2008 . - 192 p.. - ( (La nuit surveillée)) . ISBN : 978-2-204-08586-1 Note de contenu : | Résumés des chapitres
Introduction.
Chapitre premier: La mortalité et la différenciation.
------------------------------------------------------
La conscience de la mortalité signe l'apparition de l'humain, en même temps qu'elle marque la différenciation individuelle.
Tous les mythes cosmogoniques mettent en scène les hommes spécifiés par leur mortalité.
Il s'agit bien là d'une compréhension universelle. L'histoire de Gilgamesh: dès que l'homme commence à écrire, c'est pour redouter
sa propre mort.
L'humanité a trouvé deux réponses à la tragédie de la mortalité: les religions espèrent vaincre la mort par l'éternité ou l'immortalité;
les sagesses décrivent la mort comme une illusion. Socrate et le Christ. Les idéologies gomment la mort en effaçant l'individualité.
La technique contemporaine annonce une immortalité biologique. Laquelle est un leurre: le monde n'est vivant que parce que éternellement jeune.
Chapitre II : Une société est immortelle.
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À la différence d'un individu, un peuple est programmé pour« vivre toujours ». La volonté d'immortalité symbolique tient à notre certitude
que l'être vaut mieux que le non-être. L'exigence de la durée et l'idée de «salut» : une société doit-elle durer à n'importe quel prix ?
Comment les anciens et les renaissants ont fait passer le salut devant la morale, jusqu'au nazisme qui est une idéologie du salut;
comment l'idée chrétienne depuis Augustin et la doctrine des droits de l'homme contemporaine accordent priorité à la morale sur le salut.
Le suicide d'un peuple et la crainte de la disparition collective. Aujourd'hui, celle-ci concerne non plus une société, mais l'humanité
entière. Le nihilisme et le dernier homme. Seules l'espérance et l'acceptation du risque conditionnent la durée. Caractéristiques des peuples de
l'avenir.
Chapitre III: Éthique: l'intuition universelle de la norme.
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La différenciation du bien et du mal est commune à toutes les sociétés humaines. L'embryon de morale découvert chez les animaux supérieurs.
Dans tous les mythes cosmogoniques, la distinction qui engendre les êtres à partir du chaos est suivie de la séparation qui engendre le mal.
L'homme doit être séparé pour être, mais il doit être en relation pour bien être. Le bien qui réunit et le mal qui sépare reçoivent en tant que
tels une signification universelle. Quatre cas de délabrement moral montrent que l'humanité ne peut se défaire de la conscience éthique:
la légitimation perverse du principe de séparation dans le nazisme, la déliaison sociale de la tribu des Iks, la dé-différenciation
ou retour au chaos dans les idéologies égalitaires et le relativisme qui les prolonge.
L'expérience historique stigmatise de la même façon les tentatives manichéennes, rapidement totalitaires, de distribuer le bien et le mal par
répartition entre les groupes humains: le paradoxe moral est universellement partagé.
Chapitre IV : La transmission.
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La culture transforme l'hominidé en humanisé. L'homme est au plus haut point l'être-qui-transmet, et chacun naît nanti d'un héritage qu'il
n'a pas choisi. On ne transmet pas seulement la culture savante, mais surtout l'art de vivre, ou civilisation, sans laquelle la culture devient
barbare. Il faut distinguer le collectivisme, qui engage une production des êtres par le dressage anonyme, et la transmission, qui suscite la
fécondité par l'attention et le témoignage personnel.
La modernité tardive entretient un désespoir qui ridiculise la transmission par le mépris et la dérision. Cette éclipse relève de plusieurs
causes: le mécanisme de la transmission a été corrompu par excès d'autorité; la culture a été dépravée en barbarie.
Le caractère substantiel et vital de la transmission apparaît lorsque celle-ci fait défaut.
Chapitre V : La relation et la distance.
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La relation est anthropologique parce que l'humain est essentiellement lacunaire: identifié par des caractères, il manque de ce qu'il n'est
pas. Mais la relation n'est pas fusion: elle suppose la distinction et la séparation.
L'acte du don représente l'expression première de la relation, et suppose l'existence de la dette qui elle-même fonde le lien.
C'est pour échapper à la dette et à l'inégalité du don que certaines sociétés contemporaines suppriment le don et le remplacent par le
dû, l'allocation anonyme. La relation cesse d'être une fin, au profit de l'égalité. L'individu, «libéré» du besoin de l'autre, rapidement se replie
sur lui-même et ne s'efforce plus de «devenir », ce qui est le propre de tout humain. En même temps se raréfie la relation civile, ou décence
commune, qui seule rend une société fréquentable. La relation n'existe que dans la reconnaissance de la différence plus loin que le simple folklore.
L'in-différenciation marque I'incapacité du lien
Chapitre VI: L'enracinement et l'émancipation.
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La volonté de s'arracher à sa condition fait elle-même partie de la condition humaine. D'où un paradoxe constitutif. L'homme a toujours
besoin d'enracinement, parce qu'il est ancré dans un destin anthropologique et culturel; il veut aussi s'émanciper de la souffrance du
destin, et en ce sens il est toujours ailleurs. L'émancipation signifie la recherche d'un enracinement plus adapté, plus libre et plus juste:
si elle s'aventure à vouloir supprimer tout enracinement, elle détruit l'humain par perversion. Du bivouac de Trotski au citoyen du monde,
les perversions non reconnues de l'émancipation. Revenir aux Lumières de Vico: l 'homme est un «glébeux» qui rêve. |
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