[article] in L'Histoire > N° 493 (Mars 2022) . - p. 111 Titre : | Guide des Sorties : Cinéma - SOS Congo | Type de document : | Livres, articles, périodiques | Auteurs : | Julia BELLOT, Auteur | Année de publication : | 2022 | Article en page(s) : | p. 111 | Langues : | Français (fre) | Mots-clés : | cinéma film documentaire Congo massacres | Note de contenu : | Thierry Michel livre un documentaire poignant sur les massacres en République démocratique du Congo.
Je m'appelle Denis Mukwege. Je viens d'un des pays les plus riches de la planète. Pourtant, le peuple de mon pays est parmi les plus pauvres du monde. [...] Au moment même où je vous parle, un rapport est en train de moisir dans le tiroir d'un bureau à New York. Il a été rédigé à l'issue d'une enquête professionnelle et rigoureuse sur les crimes de guerre et les violations des droits humains perpétrés au Congo. [...] Qu'attend le monde pour qu'il soit pris en compte ? » Ces paroles fortes ont été prononcées le 10 décembre 2018 à Oslo. Denis Mukwege y recevait - en compagnie de Nadia Murad - le prix Nobel de la Paix pour ses efforts visant à mettre fin à l'utilisation de la violence sexuelle comme arme de guerre. Le gynécologue - surnommé l'« homme qui répare les femmes » - utilisait cette tribune pour lancer un signal d'alarme face aux violences qui déchirent son pays depuis près de vingt-cinq ans.
En 1994 le génocide perpétré au Rwanda par les Hutu contre les Tutsi déstabilise la région des Grands Lacs. Plus de 1 million de Hutu se réfugient au Zaïre - qui deviendra la République démocratique du Congo en 1997. Parmi eux des extrémistes hutu exercent une emprise sur la population civile des camps de réfugiés et souhaitent reprendre le pouvoir au Rwanda. Ils représentent une menace aux yeux de Paul Kagame, le nouvel homme fort du Rwanda, et son allié, le président ougandais. Deux ans plus tard, en 1996, ces derniers décident donc d'intervenir au Zaïre. Une coalition de Tutsi rwandais, d'Ougandais et de Zaïrois est constituée : l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL). Elle est dirigée par Laurent Désiré Kabila, principal opposant à Mobutu, au pouvoir depuis 1965. Poursuivant les réfugiés, l'AFDL traverse le pays d'est en ouest jusqu'à la capitale Kinshasa. Dans le sillage de cette armée rebelle, de très nombreux massacres de populations civiles sont rapportés.
Massacres en toute impunité
La prise de pouvoir de Laurent-Désiré Kabila en 1997 marque la fin de la première guerre du Congo, mais une seconde commence dans la foulée. Le pays est déchiré entre de multiples milices et mouvements rebelles, soutenus par les pays voisins. La paix n'est signée qu'en 2003, mais des massacres continuent encore aujourd'hui en toute impunité.
En 2008 le conseil de sécurité de l'ONU mandate une équipe pour enquêter sur place et dresser la carte de tous les massacres de masse commis entre 1993 et 2003. Publié en 2010, le rapport Mapping répertorie 617 crimes contre l'humanité ou crimes de guerre. Leurs auteurs présumés n'ont toujours pas été jugés. De nombreuses voix s'élèvent donc pour qu'un tribunal pénal international soit mis en place. Parmi elles, celle du docteur Mukwege, mais également celle du réalisateur, Thierry Michel. En donnant la parole à des témoins, des victimes, des journalistes, ainsi qu'à des membres des Nations unies et de la mission Mapping, le documentariste relate dans son onzième film sur le Congo la tragédie traversée par ce pays aussi vaste que l'Europe.
À VOIR
L'Empire du silence, T. Michel, en salles le 16 mars 2022.
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[article] Guide des Sorties : Cinéma - SOS Congo [Livres, articles, périodiques] / Julia BELLOT, Auteur . - 2022 . - p. 111. Langues : Français ( fre) in L'Histoire > N° 493 (Mars 2022) . - p. 111 Mots-clés : | cinéma film documentaire Congo massacres | Note de contenu : | Thierry Michel livre un documentaire poignant sur les massacres en République démocratique du Congo.
Je m'appelle Denis Mukwege. Je viens d'un des pays les plus riches de la planète. Pourtant, le peuple de mon pays est parmi les plus pauvres du monde. [...] Au moment même où je vous parle, un rapport est en train de moisir dans le tiroir d'un bureau à New York. Il a été rédigé à l'issue d'une enquête professionnelle et rigoureuse sur les crimes de guerre et les violations des droits humains perpétrés au Congo. [...] Qu'attend le monde pour qu'il soit pris en compte ? » Ces paroles fortes ont été prononcées le 10 décembre 2018 à Oslo. Denis Mukwege y recevait - en compagnie de Nadia Murad - le prix Nobel de la Paix pour ses efforts visant à mettre fin à l'utilisation de la violence sexuelle comme arme de guerre. Le gynécologue - surnommé l'« homme qui répare les femmes » - utilisait cette tribune pour lancer un signal d'alarme face aux violences qui déchirent son pays depuis près de vingt-cinq ans.
En 1994 le génocide perpétré au Rwanda par les Hutu contre les Tutsi déstabilise la région des Grands Lacs. Plus de 1 million de Hutu se réfugient au Zaïre - qui deviendra la République démocratique du Congo en 1997. Parmi eux des extrémistes hutu exercent une emprise sur la population civile des camps de réfugiés et souhaitent reprendre le pouvoir au Rwanda. Ils représentent une menace aux yeux de Paul Kagame, le nouvel homme fort du Rwanda, et son allié, le président ougandais. Deux ans plus tard, en 1996, ces derniers décident donc d'intervenir au Zaïre. Une coalition de Tutsi rwandais, d'Ougandais et de Zaïrois est constituée : l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL). Elle est dirigée par Laurent Désiré Kabila, principal opposant à Mobutu, au pouvoir depuis 1965. Poursuivant les réfugiés, l'AFDL traverse le pays d'est en ouest jusqu'à la capitale Kinshasa. Dans le sillage de cette armée rebelle, de très nombreux massacres de populations civiles sont rapportés.
Massacres en toute impunité
La prise de pouvoir de Laurent-Désiré Kabila en 1997 marque la fin de la première guerre du Congo, mais une seconde commence dans la foulée. Le pays est déchiré entre de multiples milices et mouvements rebelles, soutenus par les pays voisins. La paix n'est signée qu'en 2003, mais des massacres continuent encore aujourd'hui en toute impunité.
En 2008 le conseil de sécurité de l'ONU mandate une équipe pour enquêter sur place et dresser la carte de tous les massacres de masse commis entre 1993 et 2003. Publié en 2010, le rapport Mapping répertorie 617 crimes contre l'humanité ou crimes de guerre. Leurs auteurs présumés n'ont toujours pas été jugés. De nombreuses voix s'élèvent donc pour qu'un tribunal pénal international soit mis en place. Parmi elles, celle du docteur Mukwege, mais également celle du réalisateur, Thierry Michel. En donnant la parole à des témoins, des victimes, des journalistes, ainsi qu'à des membres des Nations unies et de la mission Mapping, le documentariste relate dans son onzième film sur le Congo la tragédie traversée par ce pays aussi vaste que l'Europe.
À VOIR
L'Empire du silence, T. Michel, en salles le 16 mars 2022.
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