A partir de cette page vous pouvez :
Retourner au premier écran avec les dernières notices... |
Détail de l'auteur
Auteur Julien Loiseau
Documents disponibles écrits par cet auteur
Faire une suggestion Affiner la rechercheDossier : La fabrique des races - Les racines : Des peuples et des couleurs / Julien Loiseau in L'Histoire, N° 493 (Mars 2022)
[article]
in L'Histoire > N° 493 (Mars 2022) . - p. 44-47
Titre : Dossier : La fabrique des races - Les racines : Des peuples et des couleurs Type de document : Livres, articles, périodiques Auteurs : Julien Loiseau, Auteur Année de publication : 2022 Article en page(s) : p. 44-47 Langues : Français (fre) Mots-clés : races peuple couleurs islam Note de contenu : L'Islam médiéval n'a pas ignoré le Noir et le Blanc. Mais l'économie de l'esclavage qui y a cours montre que les préjugés ethniques sur les peuples l'emportaient sur le déterminisme phénotypique.
Lorsqu'il fut envoyé prendre de la terre la matière d'Adam, l'ange de la mort la ramassa à la surface de la Terre, et il en fit un mélange et il ne la prit point en un seul lieu ; il en ramassa de la rouge, il en ramassa de la blanche et de la noire, et voilà pourquoi les êtres humains sont de diverses couleurs. »
Selon cette tradition, dont l'historien et exégète Al-Tabari (mort en 923) fait remonter l'autorité à Ibn Abbas (mort vers 688), cousin du fondateur de l'islam et transmetteur respecté des plus anciennes traditions musulmanes, la diversité phénotypique de l'humanité fut, au moment de la Création, inscrite dans le corps même du père de tous les hommes. Ce récit de l'origine des races humaines, définies par la couleur de la peau et sans hiérarchie entre elles, résume l'une des façons dont la culture islamique médiévale a pensé la diversité de l'humanité. Ce ne fut cependant pas la seule ni sans doute la plus répandue.[article] Dossier : La fabrique des races - Les racines : Des peuples et des couleurs [Livres, articles, périodiques] / Julien Loiseau, Auteur . - 2022 . - p. 44-47.
Langues : Français (fre)
in L'Histoire > N° 493 (Mars 2022) . - p. 44-47
Mots-clés : races peuple couleurs islam Note de contenu : L'Islam médiéval n'a pas ignoré le Noir et le Blanc. Mais l'économie de l'esclavage qui y a cours montre que les préjugés ethniques sur les peuples l'emportaient sur le déterminisme phénotypique.
Lorsqu'il fut envoyé prendre de la terre la matière d'Adam, l'ange de la mort la ramassa à la surface de la Terre, et il en fit un mélange et il ne la prit point en un seul lieu ; il en ramassa de la rouge, il en ramassa de la blanche et de la noire, et voilà pourquoi les êtres humains sont de diverses couleurs. »
Selon cette tradition, dont l'historien et exégète Al-Tabari (mort en 923) fait remonter l'autorité à Ibn Abbas (mort vers 688), cousin du fondateur de l'islam et transmetteur respecté des plus anciennes traditions musulmanes, la diversité phénotypique de l'humanité fut, au moment de la Création, inscrite dans le corps même du père de tous les hommes. Ce récit de l'origine des races humaines, définies par la couleur de la peau et sans hiérarchie entre elles, résume l'une des façons dont la culture islamique médiévale a pensé la diversité de l'humanité. Ce ne fut cependant pas la seule ni sans doute la plus répandue.Dossier - L'invention du temps : Le choix à risque de l'empire islamique / Julien Loiseau in L'Histoire, N° 497-498 (Juillet - Août 2022)
[article]
in L'Histoire > N° 497-498 (Juillet - Août 2022) . - p. 48-52
Titre : Dossier - L'invention du temps : Le choix à risque de l'empire islamique Type de document : Livres, articles, périodiques Auteurs : Julien Loiseau, Auteur Année de publication : 2022 Article en page(s) : p. 48-52 Langues : Français (fre) Mots-clés : temps Islam hégire calendrier lunaire cosmos astrolabe Note de contenu : L'Islam adopta une nouvelle ère (l'hégire) et un calendrier exclusivement lunaire, dissocié de l'année solaire et des saisons. Une décision qui posa des défis colossaux aux administrateurs d'un empire bientôt mondial.
Les conquêtes arabes ont frappé les contemporains par leur rapidité : dix ans après la date supposée de la mort de Muhammad, le prophète de l'islam (en 632), les Arabes se sont rendus maîtres de la Palestine et de la Syrie, de la Perse et de l'Égypte. Non moins rapide fut la mise en place des structures administratives de leur empire alors en expansion, parmi lesquelles l'institution d'une nouvelle ère. C'est en Égypte et, dans une moindre mesure, en Palestine et en Arabie, qu'ont été conservées les premières traces du nouveau temps de l'Islam.
L'hégire, une nouvelle ère
Le plus ancien document daté de la nouvelle ère est une reconnaissance de dette sur papyrus, rédigée en arabe en l'an 20 et retrouvée en Égypte. En 24, un voyageur signale son passage, « au temps où fut tué Umar » (le deuxième successeur de Muhammad), dans un graffito gravé dans le désert d'Arabie. L'épitaphe musulmane la plus ancienne connue à ce jour, inscrite sur une stèle funérai ...
[article] Dossier - L'invention du temps : Le choix à risque de l'empire islamique [Livres, articles, périodiques] / Julien Loiseau, Auteur . - 2022 . - p. 48-52.
Langues : Français (fre)
in L'Histoire > N° 497-498 (Juillet - Août 2022) . - p. 48-52
Mots-clés : temps Islam hégire calendrier lunaire cosmos astrolabe Note de contenu : L'Islam adopta une nouvelle ère (l'hégire) et un calendrier exclusivement lunaire, dissocié de l'année solaire et des saisons. Une décision qui posa des défis colossaux aux administrateurs d'un empire bientôt mondial.
Les conquêtes arabes ont frappé les contemporains par leur rapidité : dix ans après la date supposée de la mort de Muhammad, le prophète de l'islam (en 632), les Arabes se sont rendus maîtres de la Palestine et de la Syrie, de la Perse et de l'Égypte. Non moins rapide fut la mise en place des structures administratives de leur empire alors en expansion, parmi lesquelles l'institution d'une nouvelle ère. C'est en Égypte et, dans une moindre mesure, en Palestine et en Arabie, qu'ont été conservées les premières traces du nouveau temps de l'Islam.
L'hégire, une nouvelle ère
Le plus ancien document daté de la nouvelle ère est une reconnaissance de dette sur papyrus, rédigée en arabe en l'an 20 et retrouvée en Égypte. En 24, un voyageur signale son passage, « au temps où fut tué Umar » (le deuxième successeur de Muhammad), dans un graffito gravé dans le désert d'Arabie. L'épitaphe musulmane la plus ancienne connue à ce jour, inscrite sur une stèle funérai ...
Guide des Classiques : « Les Fondements géographiques de l'histoire de l'islam » de Xavier de Planhol / Julien Loiseau in L'Histoire, N° 507 (Mai 2023)
[article]
in L'Histoire > N° 507 (Mai 2023) . - p. 89
Titre : Guide des Classiques : « Les Fondements géographiques de l'histoire de l'islam » de Xavier de Planhol Type de document : Livres, articles, périodiques Auteurs : Julien Loiseau, Auteur Année de publication : 2023 Article en page(s) : p. 89 Langues : Français (fre) Mots-clés : lecture livre Islam fondements thèse Note de contenu : Julien Loiseau dans mensuel 507
Le géographe a posé les jalons d'une histoire du paysage en Islam (à retrouver à l'Institut du monde arabe, les 12-14 mai, cf. p. 8).
LA THÈSE
Les terres passées sous la domination de l'Islam, qui forment une grande diagonale aride et semi-aride de l'Afrique du Nord à l'Asie centrale, ont connu, au Moyen Age, une régression spectaculaire de la vie sédentaire. Après l'apogée atteint dans l'Antiquité tardive, avant les reconquêtes agricoles qui commencent au XVIIIe siècle et s'accélèrent avec la colonisation européenne et russe, le long Moyen Age de l'islam a été marqué par l'extension du pastoralisme et le règne des nomades. Or cela ne s'explique pas, selon Xavier de Planhol, par l'histoire du climat, l'aridité croissante et la détérioration des milieux, mais par l'affinité « géo-anthropologique » entre l'islam et le nomadisme.
Civilisation urbaine méprisant la vie agricole, l'islam s'est appuyé sur les villes et le négoce à longue distance, livrant ses immenses espaces au pastoralisme : la « bédouinisation » (des sols, des paysages, des sociétés) est un corollaire de l'islamisation ...
[article] Guide des Classiques : « Les Fondements géographiques de l'histoire de l'islam » de Xavier de Planhol [Livres, articles, périodiques] / Julien Loiseau, Auteur . - 2023 . - p. 89.
Langues : Français (fre)
in L'Histoire > N° 507 (Mai 2023) . - p. 89
Mots-clés : lecture livre Islam fondements thèse Note de contenu : Julien Loiseau dans mensuel 507
Le géographe a posé les jalons d'une histoire du paysage en Islam (à retrouver à l'Institut du monde arabe, les 12-14 mai, cf. p. 8).
LA THÈSE
Les terres passées sous la domination de l'Islam, qui forment une grande diagonale aride et semi-aride de l'Afrique du Nord à l'Asie centrale, ont connu, au Moyen Age, une régression spectaculaire de la vie sédentaire. Après l'apogée atteint dans l'Antiquité tardive, avant les reconquêtes agricoles qui commencent au XVIIIe siècle et s'accélèrent avec la colonisation européenne et russe, le long Moyen Age de l'islam a été marqué par l'extension du pastoralisme et le règne des nomades. Or cela ne s'explique pas, selon Xavier de Planhol, par l'histoire du climat, l'aridité croissante et la détérioration des milieux, mais par l'affinité « géo-anthropologique » entre l'islam et le nomadisme.
Civilisation urbaine méprisant la vie agricole, l'islam s'est appuyé sur les villes et le négoce à longue distance, livrant ses immenses espaces au pastoralisme : la « bédouinisation » (des sols, des paysages, des sociétés) est un corollaire de l'islamisation ...
Guide Livres : L'État mobile des Mongols / Julien Loiseau in L'Histoire, N° 506 (Avril 2023)
[article]
in L'Histoire > N° 506 (Avril 2023) . - p. 80
Titre : Guide Livres : L'État mobile des Mongols Type de document : Livres, articles, périodiques Auteurs : Julien Loiseau, Auteur Année de publication : 2023 Article en page(s) : p. 80 Langues : Français (fre) Mots-clés : livre lecture Mongols état Note de contenu :
Ce livre montre de quelle manière les Mongols ont redessiné l'Eurasie à partir de la steppe.
Au XIIIe siècle, Gengis Khan et ses fils ont moins cherché à soumettre le monde qu'à unifier les « tentes aux murs de feutre » (les peuples des steppes) et à faire travailler l'immense ensemble de leurs sujets, nomades et sédentaires, à la prospérité du « lignage d'or ». C'est à un segment de ce dernier, la descendance de Jochi, fils aîné du conquérant, et à son « peuple » (ulus), établis entre la vallée de l'Irtych et celle du Dniepr, qu'est consacré le livre passionnant de Marie Favereau. Pendant plus de deux siècles, la Horde, émancipée du reste de l'Empire mongol, a dominé l'ouest de l'Eurasie au rythme de ses pérégrinations et suscité une prospérité éclatante à l'échelle du continent, redessinant durablement la carte politique de l'Europe orientale.
Longtemps étudié du point de vue de ses sujets sédentaires (chinois, persans, russes), l'Empire mongol est replacé au centre de l'analyse et envisagé à partir des conceptions cosmogoniques, des institutions politiques et des usages écologiques des pasteurs mongols. L'auteure met en lumière « l'État mobile » de la Horde, la formidable logistique qui préside au déplacement de ses villes de tentes de plusieurs dizaines de milliers d'habitants, l'idéal de circulation (des hommes, des biens, des forces) qui anime le monde selon les Mongols et l'idéologie redistributrice qui fonde la domination des Jochides. Préférant à l'idée de Pax mongolica celle de « grand échange mongol », elle met en évidence les jeux d'alliances changeants qui ont permis à la Horde de contrôler le commerce des esclaves, des fourrures et du sel, et d'intéresser à sa prospérité des acteurs aussi divers que les Génois et les Mamelouks d'Égypte.
Sur ses marges occidentales peuplées de sédentaires (russes, bulgares, roumains), la Horde a su mettre en place un nouvel ordre fiscal et administratif, dont l'héritage lui a survécu. C'est à la protection des Jochides que les princes de Moscou ont dû leur ascendant décisif sur les autres principautés russes, au khan qu'ils ont emprunté le titre impérial de tsar. L'ordre politique de l'Europe orientale est ainsi, au même titre que l'islamisation de la steppe eurasiatique, un héritage oublié de la Horde et un impensé de l'histoire européenne.
Mot clé :
Livres
Julien Loiseau est professeur à Aix Marseille Université.
La Horde. Comment les Mongols ont changé le monde, Marie Favereau, Perrin, 2023, 320 p., 35 €.
[article] Guide Livres : L'État mobile des Mongols [Livres, articles, périodiques] / Julien Loiseau, Auteur . - 2023 . - p. 80.
Langues : Français (fre)
in L'Histoire > N° 506 (Avril 2023) . - p. 80
Mots-clés : livre lecture Mongols état Note de contenu :
Ce livre montre de quelle manière les Mongols ont redessiné l'Eurasie à partir de la steppe.
Au XIIIe siècle, Gengis Khan et ses fils ont moins cherché à soumettre le monde qu'à unifier les « tentes aux murs de feutre » (les peuples des steppes) et à faire travailler l'immense ensemble de leurs sujets, nomades et sédentaires, à la prospérité du « lignage d'or ». C'est à un segment de ce dernier, la descendance de Jochi, fils aîné du conquérant, et à son « peuple » (ulus), établis entre la vallée de l'Irtych et celle du Dniepr, qu'est consacré le livre passionnant de Marie Favereau. Pendant plus de deux siècles, la Horde, émancipée du reste de l'Empire mongol, a dominé l'ouest de l'Eurasie au rythme de ses pérégrinations et suscité une prospérité éclatante à l'échelle du continent, redessinant durablement la carte politique de l'Europe orientale.
Longtemps étudié du point de vue de ses sujets sédentaires (chinois, persans, russes), l'Empire mongol est replacé au centre de l'analyse et envisagé à partir des conceptions cosmogoniques, des institutions politiques et des usages écologiques des pasteurs mongols. L'auteure met en lumière « l'État mobile » de la Horde, la formidable logistique qui préside au déplacement de ses villes de tentes de plusieurs dizaines de milliers d'habitants, l'idéal de circulation (des hommes, des biens, des forces) qui anime le monde selon les Mongols et l'idéologie redistributrice qui fonde la domination des Jochides. Préférant à l'idée de Pax mongolica celle de « grand échange mongol », elle met en évidence les jeux d'alliances changeants qui ont permis à la Horde de contrôler le commerce des esclaves, des fourrures et du sel, et d'intéresser à sa prospérité des acteurs aussi divers que les Génois et les Mamelouks d'Égypte.
Sur ses marges occidentales peuplées de sédentaires (russes, bulgares, roumains), la Horde a su mettre en place un nouvel ordre fiscal et administratif, dont l'héritage lui a survécu. C'est à la protection des Jochides que les princes de Moscou ont dû leur ascendant décisif sur les autres principautés russes, au khan qu'ils ont emprunté le titre impérial de tsar. L'ordre politique de l'Europe orientale est ainsi, au même titre que l'islamisation de la steppe eurasiatique, un héritage oublié de la Horde et un impensé de l'histoire européenne.
Mot clé :
Livres
Julien Loiseau est professeur à Aix Marseille Université.
La Horde. Comment les Mongols ont changé le monde, Marie Favereau, Perrin, 2023, 320 p., 35 €.
Guide des Livres : Mali : un empire africain / Julien Loiseau in L'Histoire, N° 499 (Septembre 2022)
[article]
in L'Histoire > N° 499 (Septembre 2022) . - p. 80
Titre : Guide des Livres : Mali : un empire africain Type de document : Livres, articles, périodiques Auteurs : Julien Loiseau, Auteur Année de publication : 2022 Article en page(s) : p. 80 Langues : Français (fre) Mots-clés : livre lecture Hadrien Collet Mali Note de contenu : Comment l'histoire du Mali a-t-elle été pensée et racontée depuis le Moyen Age ?
L'histoire de l'Afrique est, des grands chantiers historiographiques d'aujourd'hui, l'un des plus prometteurs. Ce constat, nourri par une décennie de recherches et de publications originales, est brillamment illustré par le livre que Hadrien Collet consacre au sultanat du Mali, puissance nouvelle venue dans le monde islamique du XIVe siècle. Plus exactement, l'auteur étudie les façons successives dont l'histoire du Mali a été pensée et racontée depuis le Moyen Age. Il reprend à son compte le double impératif des historiens africanistes de sa génération : revenir au texte des sources (l'histoire du Mali médiéval a été écrite en arabe, en Égypte d'abord, puis au Sahel à partir du XVIIe siècle, avant de l'être en anglais et surtout en français à partir du XIXe siècle), et questionner les récits qui ont pris en charge cette histoire.
Il fallait en effet opérer ce double mouvement pour sortir l'histoire du Sahel de l'aporie dans laquelle l'avait placée la « bibliothèque coloniale » (qui forge le paradigme des « empires du Mali ») et l'établissement de corpus de sources de l'histoire africaine artificiellement coupées des oeuvres dont elles sont extraites.
Adoptant la démarche régressive d'une archéologie des savoirs, l'auteur met au jour, du XXIe au XIVe siècle, les couches historiographiques qui se sont déposées sur le passé du Mali depuis ce temps glorieux, où, en 1324, le sultan Mansa Musa avait mis son pays « à la une » en traversant le Sahara pour se rendre au Caire puis accomplir le pèlerinage à La Mecque. L'africanisation de l'histoire du Mali à l'heure des indépendances et sa patrimonialisation dans les années 2000 (avec la « Charte du Manden ») ne constituent à ce titre que les derniers jalons d'une longue trajectoire dont les motifs principaux (comme l'incommensurable richesse ou l'orthodoxie musulmane du sultan du Mali) sont esquissés au Caire dès le XIVe siècle et alimentent les écrits historiques des savants sahéliens musulmans des XVIIe-XIXe siècles. En restituant l'entremêlement des discours et des savoirs sur le passé du Mali, par-delà la rupture des langues et des epistémê, Hadrien Collet livre un ouvrage fondamental pour la compréhension de l'histoire de l'Afrique.
Mot clé :
Livres
Julien Loiseau est professeur à Aix-Marseille Université.
Le Sultanat du Mali. Histoire régressive d'un empire médiéval, XXIe-XIVe siècle, Hadrien Collet, CNRS Éditions, 2022, 480 p., 26 €.
[article] Guide des Livres : Mali : un empire africain [Livres, articles, périodiques] / Julien Loiseau, Auteur . - 2022 . - p. 80.
Langues : Français (fre)
in L'Histoire > N° 499 (Septembre 2022) . - p. 80
Mots-clés : livre lecture Hadrien Collet Mali Note de contenu : Comment l'histoire du Mali a-t-elle été pensée et racontée depuis le Moyen Age ?
L'histoire de l'Afrique est, des grands chantiers historiographiques d'aujourd'hui, l'un des plus prometteurs. Ce constat, nourri par une décennie de recherches et de publications originales, est brillamment illustré par le livre que Hadrien Collet consacre au sultanat du Mali, puissance nouvelle venue dans le monde islamique du XIVe siècle. Plus exactement, l'auteur étudie les façons successives dont l'histoire du Mali a été pensée et racontée depuis le Moyen Age. Il reprend à son compte le double impératif des historiens africanistes de sa génération : revenir au texte des sources (l'histoire du Mali médiéval a été écrite en arabe, en Égypte d'abord, puis au Sahel à partir du XVIIe siècle, avant de l'être en anglais et surtout en français à partir du XIXe siècle), et questionner les récits qui ont pris en charge cette histoire.
Il fallait en effet opérer ce double mouvement pour sortir l'histoire du Sahel de l'aporie dans laquelle l'avait placée la « bibliothèque coloniale » (qui forge le paradigme des « empires du Mali ») et l'établissement de corpus de sources de l'histoire africaine artificiellement coupées des oeuvres dont elles sont extraites.
Adoptant la démarche régressive d'une archéologie des savoirs, l'auteur met au jour, du XXIe au XIVe siècle, les couches historiographiques qui se sont déposées sur le passé du Mali depuis ce temps glorieux, où, en 1324, le sultan Mansa Musa avait mis son pays « à la une » en traversant le Sahara pour se rendre au Caire puis accomplir le pèlerinage à La Mecque. L'africanisation de l'histoire du Mali à l'heure des indépendances et sa patrimonialisation dans les années 2000 (avec la « Charte du Manden ») ne constituent à ce titre que les derniers jalons d'une longue trajectoire dont les motifs principaux (comme l'incommensurable richesse ou l'orthodoxie musulmane du sultan du Mali) sont esquissés au Caire dès le XIVe siècle et alimentent les écrits historiques des savants sahéliens musulmans des XVIIe-XIXe siècles. En restituant l'entremêlement des discours et des savoirs sur le passé du Mali, par-delà la rupture des langues et des epistémê, Hadrien Collet livre un ouvrage fondamental pour la compréhension de l'histoire de l'Afrique.
Mot clé :
Livres
Julien Loiseau est professeur à Aix-Marseille Université.
Le Sultanat du Mali. Histoire régressive d'un empire médiéval, XXIe-XIVe siècle, Hadrien Collet, CNRS Éditions, 2022, 480 p., 26 €.
Guide des Sorties : Exposition - Abd el-Kader, saint, héros et martyr ? / Julien Loiseau in L'Histoire, N° 495 (Mai 2022)
PermalinkIslam - La huitième plaie d'Égypte / Julien Loiseau in L'Histoire, N° 509-510 (Juillet-Août 2023)
Permalink