[article] in L'Histoire > N° 493 (Mars 2022) . - p. 76-77 Titre : | Dossier : La fabrique des races - La science et ses dérivés - Comment l'Afrique est devenue « noire » | Type de document : | Livres, articles, périodiques | Auteurs : | Ibrahima Thioub, Auteur | Année de publication : | 2022 | Article en page(s) : | p. 76-77 | Langues : | Français (fre) | Mots-clés : | races peuple Afrique noire héritage | Note de contenu : | Ce sont les traites arabe et européenne qui ont progressivement créé l'identification entre Africain et Noir. Dès le début du XXe siècle, les diasporas africaines se sont réappropriées cette identité pour en faire un motif de fierté, et un support de revendications.
J'ai commencé à m'intéresser à ce que j'ai appelé les « identités chromatiques » en Afrique au début des années 2000, après une rencontre fortuite aux États-Unis, dans un restaurant, avec une serveuse africaine-américaine qui m'a abordé en me disant : « Je suis contente de voir qu'il y a un de nous parmi eux. » Eux, c'étaient les clients blancs, et je me suis aperçu qu'elle avait eu une lecture raciale de notre relation : nous partagions, du simple fait de notre couleur de peau, une identité commune. Ce faisant, elle gommait mon histoire personnelle pour me réintroduire, à partir du seul critère phénotypique, dans une histoire collective, celle de la traite atlantique, dont elle-même se considérait probablement comme l'héritière.
Cette expérience m'a décidé, pour le 3e Congrès international des historiens africains, en 2001, à étudier la manière dont les historiens africains avaient abordé l'histoire des traites et de l'esclavage. Je me suis vite aperçu que la quasi ...
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[article] Dossier : La fabrique des races - La science et ses dérivés - Comment l'Afrique est devenue « noire » [Livres, articles, périodiques] / Ibrahima Thioub, Auteur . - 2022 . - p. 76-77. Langues : Français ( fre) in L'Histoire > N° 493 (Mars 2022) . - p. 76-77 Mots-clés : | races peuple Afrique noire héritage | Note de contenu : | Ce sont les traites arabe et européenne qui ont progressivement créé l'identification entre Africain et Noir. Dès le début du XXe siècle, les diasporas africaines se sont réappropriées cette identité pour en faire un motif de fierté, et un support de revendications.
J'ai commencé à m'intéresser à ce que j'ai appelé les « identités chromatiques » en Afrique au début des années 2000, après une rencontre fortuite aux États-Unis, dans un restaurant, avec une serveuse africaine-américaine qui m'a abordé en me disant : « Je suis contente de voir qu'il y a un de nous parmi eux. » Eux, c'étaient les clients blancs, et je me suis aperçu qu'elle avait eu une lecture raciale de notre relation : nous partagions, du simple fait de notre couleur de peau, une identité commune. Ce faisant, elle gommait mon histoire personnelle pour me réintroduire, à partir du seul critère phénotypique, dans une histoire collective, celle de la traite atlantique, dont elle-même se considérait probablement comme l'héritière.
Cette expérience m'a décidé, pour le 3e Congrès international des historiens africains, en 2001, à étudier la manière dont les historiens africains avaient abordé l'histoire des traites et de l'esclavage. Je me suis vite aperçu que la quasi ...
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