[article] in L'Histoire > N° 504 (Février 2023) . - p. 94-95 Titre : | Guide des Sorties : Expositions - Images préhistoriques | Type de document : | Livres, articles, périodiques | Auteurs : | Jules Masson Mourey, Auteur | Année de publication : | 2023 | Article en page(s) : | p. 94-95 | Langues : | Français (fre) | Mots-clés : | exposition Paris préhistoire image Paléolithique | Note de contenu : | Le musée de l'Homme met à l'honneur les artistes du Paléolithique et l'ancienneté du sens esthétique.
Ce sont presque 100 pièces originales venues des quatre coins de la France et de l'Europe (Pologne, Allemagne, Suisse, Espagne, Italie) que le musée de l'Homme réunit à l'occasion d'une très riche exposition dédiée aux manifestations graphiques et plastiques de la Préhistoire.
A contre-courant du lieu commun - d'ailleurs erroné - selon lequel la figuration humaine serait rarissime parmi l'imagerie paléolithique, le parcours s'ouvre d'abord sur un visage masculin gravé dans le calcaire. La sûreté des lignes impressionne, la modernité du portrait stupéfie. Et la valeur scientifique d'un tel vestige apparaît évidemment inestimable. Ces marques sur la joue du personnage, par exemple, pourraient bel et bien attester, dès le Magdalénien (moment d'apothéose de l'art des temps glaciaires, il y a environ 17 000 ans), la pratique de scarifications ou de tatouages tribaux...
Aux statuettes féminines et à leurs formes voluptueuses - célèbres Vénus de Tursac, de Lespugue, d'Ölknitz, de l'abri Pataud, de Laussel ou de Grimaldi -, qui ont inspiré tant d'artistes, dont Picasso lui-même, succède le thème des images animalières, représentations majoritaires dans l'iconographie du Paléolithique. Le bestiaire est varié, parfois surprenant. Ici, un cachalot finement incisé sur une pendeloque en os, là, une salamandre sculptée dans du bois de renne. De nouveau, les oeuvres fameuses abondent. Entre autres merveilles, l'émouvant Petit Cheval de Lourdes, d'une admirable qualité d'exécution, la Sauterelle d'Enlène, plus ancienne figuration d'insecte au monde, ou le superbe propulseur dit du Faon aux oiseaux, reproduit dans tous les manuels de préhistoire et véritable fantasme pour des générations d'archéologues.
Devenir un peintre de Lascaux
Que dire, encore, du Mammouth de la Madeleine ? Derrière cette vitrine, se trouve ni plus ni moins que l'acte de naissance de la science préhistorique, établi en 1864. Au milieu du XIXe siècle, en effet, les ossements d'animaux préhistoriques restent relativement exceptionnels et la coexistence d'espèces éteintes avec les premiers hommes fait l'objet d'ardents débats. Mais grâce à la découverte cruciale de ce dessin de proboscidien réalisé sur l'ivoire d'une défense, le doute n'est plus permis : non seulement nos ancêtres ont cotoyé des animaux aujourd'hui disparus mais ils étaient même capable de les représenter.
L'exposition du musée de l'Homme ne se limite pas au Vieux Continent et sa dernière partie brosse un utile panorama de l'art rupestre et pariétal sur l'ensemble de la planète, depuis les sociétés paléolithiques de chasseurs-collecteurs il y a 30 000 ou 40 000 ans jusqu'à celles des premiers agriculteurs-éleveurs néolithiques, quelques millénaires avant le début de notre ère. Les images défilent et l'on voyage ainsi des symboles de la forêt indonésienne aux signes du désert libyen, en passant par les rivières du sud de la Chine ou les canyons de l'Utah.
La scénographie élaborée par les deux commissaires scientifiques, Éric Robert et Patrick Paillet (professeurs au Muséum national d'Histoire naturelle), est particulièrement soignée et didactique. Notamment, les nombreux supports numériques interactifs raviront les jeunes visiteurs. Le clou de la visite, pour terminer ? Un grand écran, vierge, qui invite à se prendre un instant pour un peintre de la grotte de Lascaux...
Jules Masson Mourey est docteur en Préhistoire de l'université d'Aix-Marseille.
A voir
Arts et Préhistoire. Jusqu'au 22 mai 2023 au musée de l'Homme, Paris.
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[article] Guide des Sorties : Expositions - Images préhistoriques [Livres, articles, périodiques] / Jules Masson Mourey, Auteur . - 2023 . - p. 94-95. Langues : Français ( fre) in L'Histoire > N° 504 (Février 2023) . - p. 94-95 Mots-clés : | exposition Paris préhistoire image Paléolithique | Note de contenu : | Le musée de l'Homme met à l'honneur les artistes du Paléolithique et l'ancienneté du sens esthétique.
Ce sont presque 100 pièces originales venues des quatre coins de la France et de l'Europe (Pologne, Allemagne, Suisse, Espagne, Italie) que le musée de l'Homme réunit à l'occasion d'une très riche exposition dédiée aux manifestations graphiques et plastiques de la Préhistoire.
A contre-courant du lieu commun - d'ailleurs erroné - selon lequel la figuration humaine serait rarissime parmi l'imagerie paléolithique, le parcours s'ouvre d'abord sur un visage masculin gravé dans le calcaire. La sûreté des lignes impressionne, la modernité du portrait stupéfie. Et la valeur scientifique d'un tel vestige apparaît évidemment inestimable. Ces marques sur la joue du personnage, par exemple, pourraient bel et bien attester, dès le Magdalénien (moment d'apothéose de l'art des temps glaciaires, il y a environ 17 000 ans), la pratique de scarifications ou de tatouages tribaux...
Aux statuettes féminines et à leurs formes voluptueuses - célèbres Vénus de Tursac, de Lespugue, d'Ölknitz, de l'abri Pataud, de Laussel ou de Grimaldi -, qui ont inspiré tant d'artistes, dont Picasso lui-même, succède le thème des images animalières, représentations majoritaires dans l'iconographie du Paléolithique. Le bestiaire est varié, parfois surprenant. Ici, un cachalot finement incisé sur une pendeloque en os, là, une salamandre sculptée dans du bois de renne. De nouveau, les oeuvres fameuses abondent. Entre autres merveilles, l'émouvant Petit Cheval de Lourdes, d'une admirable qualité d'exécution, la Sauterelle d'Enlène, plus ancienne figuration d'insecte au monde, ou le superbe propulseur dit du Faon aux oiseaux, reproduit dans tous les manuels de préhistoire et véritable fantasme pour des générations d'archéologues.
Devenir un peintre de Lascaux
Que dire, encore, du Mammouth de la Madeleine ? Derrière cette vitrine, se trouve ni plus ni moins que l'acte de naissance de la science préhistorique, établi en 1864. Au milieu du XIXe siècle, en effet, les ossements d'animaux préhistoriques restent relativement exceptionnels et la coexistence d'espèces éteintes avec les premiers hommes fait l'objet d'ardents débats. Mais grâce à la découverte cruciale de ce dessin de proboscidien réalisé sur l'ivoire d'une défense, le doute n'est plus permis : non seulement nos ancêtres ont cotoyé des animaux aujourd'hui disparus mais ils étaient même capable de les représenter.
L'exposition du musée de l'Homme ne se limite pas au Vieux Continent et sa dernière partie brosse un utile panorama de l'art rupestre et pariétal sur l'ensemble de la planète, depuis les sociétés paléolithiques de chasseurs-collecteurs il y a 30 000 ou 40 000 ans jusqu'à celles des premiers agriculteurs-éleveurs néolithiques, quelques millénaires avant le début de notre ère. Les images défilent et l'on voyage ainsi des symboles de la forêt indonésienne aux signes du désert libyen, en passant par les rivières du sud de la Chine ou les canyons de l'Utah.
La scénographie élaborée par les deux commissaires scientifiques, Éric Robert et Patrick Paillet (professeurs au Muséum national d'Histoire naturelle), est particulièrement soignée et didactique. Notamment, les nombreux supports numériques interactifs raviront les jeunes visiteurs. Le clou de la visite, pour terminer ? Un grand écran, vierge, qui invite à se prendre un instant pour un peintre de la grotte de Lascaux...
Jules Masson Mourey est docteur en Préhistoire de l'université d'Aix-Marseille.
A voir
Arts et Préhistoire. Jusqu'au 22 mai 2023 au musée de l'Homme, Paris.
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