[article] in Santé mentale > 275 (Février 2023) . - p. 44-49 Titre : | Épigénétique : le traumatisme est-il héréditaire ? | Type de document : | Livres, articles, périodiques | Auteurs : | Ariane Giacobino | Année de publication : | 2023 | Article en page(s) : | p. 44-49 | Note générale : | Cet article fait partie du dossier " Le transgénérationnel dans les soins. | Langues : | Français (fre) | Mots-clés : | Psychobiologie environnement épigénétique génome hérédité recherche stress transgénérationnel traumatisme psychique vulnérabilité | Résumé : | La recherche en épigénétique montre comment un environnement fortement délétère peut aboutir à des systèmes ou une vulnérabilité accrue au développement ultérieur de troubles psychiques. État des lieux des connaissances.
L'épigénétique explore les changements d'expression des gènes, donc de fabrication des protéines, lorsque ceux-ci ne sont pas consécutifs à des modifications de la séquence d'ADN (acide désoxyribonucléique). Cette nouvelle discipline s'appuie sur les connaissances en génétique qui, elles, définissent comment les changements de séquence de l'ADN (mutations) impactent le fonctionnement du gène. Dans le premier cas, il s'agit de modifications affectant la quantité de protéines synthétisées, et dans le second affectant la qualité de celles-ci.
Les travaux de recherche durant cette dernière décennie ont permis de comprendre que les changements épigénétiques peuvent être induits par des modifications environnementales. Cela semble concerner la totalité ou presque de nos 22 000 gènes, qui peuvent donc chacun varier l'intensité de leur synthèse protéique indépendamment des autres. Ces changements ont par ailleurs la caractéristique d'être potentiellement réversibles, contrairement aux changements de séquence de l'ADN qui sont fixés et peuvent se transmettre selon les modes héréditaires connus (hérédité dominante, récessive, liée à au chromosome X).
Des plusieurs types de modifications épigénétiques, la méthylation de l'ADN est la mieux caractérisée. Elle consiste en modifications chimiques par addition de groupements méthyls (CH3) dans les régions régulatrices du ou des gènes concernés. S'il y a beaucoup de méthylations dans la région régulatrice, le gène est non ou moins exprimé et s'il y a peu ou pas de méthylation, il est complètement ou très exprimé. Toutes les nuances sont possibles. La région régulatrice et sa méthylation fonctionnement donc comme un variateur d'intensité d'expression des protéines. On imagine bien la marge de variation importante qu'il peut y avoir du fait que chacun des 22000 gènes, a sa propre expression ainsi modifiable selon l'environnement, et en fonction du temps, (l'environnement étant très rarement stable dans la durée). Il s'agit bien d'un mécanisme modulable permettant à l'organisme de s'adapter, mais aussi d'un système responsable ou impliqué dans le risque de développer des maladies lorsque sa capacité d'adaptation est dépassée. |
[article] Épigénétique : le traumatisme est-il héréditaire ? [Livres, articles, périodiques] / Ariane Giacobino . - 2023 . - p. 44-49. Cet article fait partie du dossier " Le transgénérationnel dans les soins. Langues : Français ( fre) in Santé mentale > 275 (Février 2023) . - p. 44-49 Mots-clés : | Psychobiologie environnement épigénétique génome hérédité recherche stress transgénérationnel traumatisme psychique vulnérabilité | Résumé : | La recherche en épigénétique montre comment un environnement fortement délétère peut aboutir à des systèmes ou une vulnérabilité accrue au développement ultérieur de troubles psychiques. État des lieux des connaissances.
L'épigénétique explore les changements d'expression des gènes, donc de fabrication des protéines, lorsque ceux-ci ne sont pas consécutifs à des modifications de la séquence d'ADN (acide désoxyribonucléique). Cette nouvelle discipline s'appuie sur les connaissances en génétique qui, elles, définissent comment les changements de séquence de l'ADN (mutations) impactent le fonctionnement du gène. Dans le premier cas, il s'agit de modifications affectant la quantité de protéines synthétisées, et dans le second affectant la qualité de celles-ci.
Les travaux de recherche durant cette dernière décennie ont permis de comprendre que les changements épigénétiques peuvent être induits par des modifications environnementales. Cela semble concerner la totalité ou presque de nos 22 000 gènes, qui peuvent donc chacun varier l'intensité de leur synthèse protéique indépendamment des autres. Ces changements ont par ailleurs la caractéristique d'être potentiellement réversibles, contrairement aux changements de séquence de l'ADN qui sont fixés et peuvent se transmettre selon les modes héréditaires connus (hérédité dominante, récessive, liée à au chromosome X).
Des plusieurs types de modifications épigénétiques, la méthylation de l'ADN est la mieux caractérisée. Elle consiste en modifications chimiques par addition de groupements méthyls (CH3) dans les régions régulatrices du ou des gènes concernés. S'il y a beaucoup de méthylations dans la région régulatrice, le gène est non ou moins exprimé et s'il y a peu ou pas de méthylation, il est complètement ou très exprimé. Toutes les nuances sont possibles. La région régulatrice et sa méthylation fonctionnement donc comme un variateur d'intensité d'expression des protéines. On imagine bien la marge de variation importante qu'il peut y avoir du fait que chacun des 22000 gènes, a sa propre expression ainsi modifiable selon l'environnement, et en fonction du temps, (l'environnement étant très rarement stable dans la durée). Il s'agit bien d'un mécanisme modulable permettant à l'organisme de s'adapter, mais aussi d'un système responsable ou impliqué dans le risque de développer des maladies lorsque sa capacité d'adaptation est dépassée. |
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