[article] in L'Histoire > N° 507 (Mai 2023) . - p. 82 Titre : | Guide Livres : Jean Moulin vivant | Type de document : | Livres, articles, périodiques | Auteurs : | Bénédicte Vergez-Chaignon, Auteur | Année de publication : | 2023 | Article en page(s) : | p. 82 | Langues : | Français (fre) | Mots-clés : | lecture livre Jean Moulin biographie | Note de contenu : | Pour marquer le 80e anniversaire de la mort de Jean Moulin - le 8 juillet 1943 à Metz selon un médecin SS, dans un convoi pour l'Allemagne où les nazis l'avaient jeté après l'avoir torturé bestialement à Lyon puis à Paris - Flammarion réédite à l'identique ce livre paru il y a cinq ans.
Seule l'image de couverture a changé et c'est heureux, tant elle « colle » au projet d'écriture de Bénédicte Vergez-Chaignon. L'homme n'a plus l'écharpe et le feutre de « la » photo. Le voici au contraire tête nue, en 1930, déjà sous-préfet à 31 ans, bien coiffé et cravaté, petit sourire de gentil garçon. Oui, c'est bien d'ouvrir le livre avec cette évocation de l'ami de Max Jacob, du caricaturiste déjà lancé, du fou d'art moderne, de ski et d'aviation, du haut fonctionnaire efficace et malin qui adore les soirées à Montparnasse et roule en petit bolide rouge, une Amilcar Grand Sport.
Vingt-cinq « journées particulières »
En souvenir du film d'Ettore Scola, le livre est un montage de 25 de ses « journées particulières », quand le fracas de la rue dévoile chaque être et le rend à sa condition humaine, debout face à l'adversité. Voici l'enfant assistant à Béziers, en juin 1907, à la mutinerie du 17e de ligne. Le jeune marié aussitôt divorcé. Le 6 février 1934 face au pont de la Concorde, le chef de cabinet du ministre de l'Air, son ami Pierre Cot, qui voit les fascistes hurler. En 1936, le même chef de cabinet faisant livrer en douce des avions aux Espagnols abandonnés. Le préfet d'Eure-et-Loir « républicain de combat » célébrant le 150e anniversaire de la Révolution en mars 1939. Le même en juin 1940, refusant de céder aux Allemands qui calomnient nos soldats sénégalais et poussé au suicide pour sauver l'honneur. Le même encore, déjà clandestin mais courant à Riom défendre Pierre Cot. Le 25 octobre 1941 à Londres, ce déjeuner pendant lequel il expose ses plans d'action à de Gaulle ébloui par ce « très grand bonhomme, grand de toutes façons » et qui en fait aussitôt son représentant en zone libre. Puis, dans la nuit du 1er au 2 janvier 1942, « Rex » parachuté en Provence.
Sur l'unificateur acharné et pragmatique de la Résistance, Bénédicte Vergez-Chaignon pouvait être intarissable, elle qui assista longtemps Daniel Cordier attelé à écrire sur son ancien patron et qui a tant publié sur l'Occupation. Elle choisit au contraire de ne détailler que quelques journées révélatrices de 1943. Celle de février où il ouvre sa galerie d'art à Nice juste avant de repartir pour Londres. Celle du 27 mai rue du Four à Paris où il met en place, non sans peine, la première réunion du Conseil de la Résistance. Celle du 21 juin où la Gestapo le rafle à Caluire.
Puis vient ce 19 décembre 1964 où la « psalmodie hurlée » de Malraux l'accompagne au Panthéon. A 16 ans, dans une composition française, le héros, lui, avait dit son amour pour Vercingétorix, « notre première gloire nationale » qui « employa toute sa vie à affranchir la Gaule du joug des Romains ».
Jean Moulin l’affranchi, Bénédicte Vergez-Chaignon, Flammarion, 2023, 416 p., 24,90 €.
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[article] Guide Livres : Jean Moulin vivant [Livres, articles, périodiques] / Bénédicte Vergez-Chaignon, Auteur . - 2023 . - p. 82. Langues : Français ( fre) in L'Histoire > N° 507 (Mai 2023) . - p. 82 Mots-clés : | lecture livre Jean Moulin biographie | Note de contenu : | Pour marquer le 80e anniversaire de la mort de Jean Moulin - le 8 juillet 1943 à Metz selon un médecin SS, dans un convoi pour l'Allemagne où les nazis l'avaient jeté après l'avoir torturé bestialement à Lyon puis à Paris - Flammarion réédite à l'identique ce livre paru il y a cinq ans.
Seule l'image de couverture a changé et c'est heureux, tant elle « colle » au projet d'écriture de Bénédicte Vergez-Chaignon. L'homme n'a plus l'écharpe et le feutre de « la » photo. Le voici au contraire tête nue, en 1930, déjà sous-préfet à 31 ans, bien coiffé et cravaté, petit sourire de gentil garçon. Oui, c'est bien d'ouvrir le livre avec cette évocation de l'ami de Max Jacob, du caricaturiste déjà lancé, du fou d'art moderne, de ski et d'aviation, du haut fonctionnaire efficace et malin qui adore les soirées à Montparnasse et roule en petit bolide rouge, une Amilcar Grand Sport.
Vingt-cinq « journées particulières »
En souvenir du film d'Ettore Scola, le livre est un montage de 25 de ses « journées particulières », quand le fracas de la rue dévoile chaque être et le rend à sa condition humaine, debout face à l'adversité. Voici l'enfant assistant à Béziers, en juin 1907, à la mutinerie du 17e de ligne. Le jeune marié aussitôt divorcé. Le 6 février 1934 face au pont de la Concorde, le chef de cabinet du ministre de l'Air, son ami Pierre Cot, qui voit les fascistes hurler. En 1936, le même chef de cabinet faisant livrer en douce des avions aux Espagnols abandonnés. Le préfet d'Eure-et-Loir « républicain de combat » célébrant le 150e anniversaire de la Révolution en mars 1939. Le même en juin 1940, refusant de céder aux Allemands qui calomnient nos soldats sénégalais et poussé au suicide pour sauver l'honneur. Le même encore, déjà clandestin mais courant à Riom défendre Pierre Cot. Le 25 octobre 1941 à Londres, ce déjeuner pendant lequel il expose ses plans d'action à de Gaulle ébloui par ce « très grand bonhomme, grand de toutes façons » et qui en fait aussitôt son représentant en zone libre. Puis, dans la nuit du 1er au 2 janvier 1942, « Rex » parachuté en Provence.
Sur l'unificateur acharné et pragmatique de la Résistance, Bénédicte Vergez-Chaignon pouvait être intarissable, elle qui assista longtemps Daniel Cordier attelé à écrire sur son ancien patron et qui a tant publié sur l'Occupation. Elle choisit au contraire de ne détailler que quelques journées révélatrices de 1943. Celle de février où il ouvre sa galerie d'art à Nice juste avant de repartir pour Londres. Celle du 27 mai rue du Four à Paris où il met en place, non sans peine, la première réunion du Conseil de la Résistance. Celle du 21 juin où la Gestapo le rafle à Caluire.
Puis vient ce 19 décembre 1964 où la « psalmodie hurlée » de Malraux l'accompagne au Panthéon. A 16 ans, dans une composition française, le héros, lui, avait dit son amour pour Vercingétorix, « notre première gloire nationale » qui « employa toute sa vie à affranchir la Gaule du joug des Romains ».
Jean Moulin l’affranchi, Bénédicte Vergez-Chaignon, Flammarion, 2023, 416 p., 24,90 €.
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