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52 millions de morts : L'ébranlement des sociétés européennes / Etienne Anheim in L'Histoire, N° 509-510 (Juillet-Août 2023)

Public ISBD [article]  in L'Histoire > N° 509-510 (Juillet-Août 2023) . - p. 72-77 Titre : 52 millions de morts : L'ébranlement des sociétés européennes Type de document : Livres, articles, périodiques Auteurs : Etienne Anheim, Auteur Année de publication : 2023 Article en page(s) : p. 72-77 Langues : Français (fre) Mots-clés : peste  Europe  église  dépeuplement  mort Note de contenu : Peu de textes, presque pas d'images : la peste n'a guère été représentée. En apparence, elle ne produisit pas de changements majeurs dans les structures sociales, qui résistèrent. Pourtant, la force du choc ébranla en profondeur et durablement les sociétés. En 1967, dans son uchronie La Porte des mondes, Robert Silverberg imagine une Peste noire si terrible que l'Europe du XIVe siècle, dévastée, aurait été colonisée par un Empire ottoman devenu l'une des grandes puissances du XXe siècle, aux côtés de la Russie, du Japon ou de l'Empire aztèque. Cette « grande divergence » fictionnelle, érigeant la peste en tournant de l'histoire mondiale, est l'envers d'un miroir dont le reflet bien réel est connu : ce serait à partir du temps de la peste que l'Europe a commencé à étendre son emprise sur le reste du monde. S'interroger sur ce paradoxe montre que la peste est indissociable de ses effets à long terme sur les sociétés européennes, dont la mesure n'a rien d'évident. Les liens familiaux rompus Les récits de l'hécatombe elle-même sont d'autant plus frappants qu'ils sont peu nombreux. Depuis Avignon, en 1348, le musicien et chapelain Louis Sanctus de Beringen décrit la panique d'un monde où les liens ... [article] 52 millions de morts : L'ébranlement des sociétés européennes [Livres, articles, périodiques] / Etienne Anheim, Auteur . - 2023 . - p. 72-77. Langues : Français (fre) in L'Histoire > N° 509-510 (Juillet-Août 2023) . - p. 72-77 Mots-clés : peste  Europe  église  dépeuplement  mort Note de contenu : Peu de textes, presque pas d'images : la peste n'a guère été représentée. En apparence, elle ne produisit pas de changements majeurs dans les structures sociales, qui résistèrent. Pourtant, la force du choc ébranla en profondeur et durablement les sociétés. En 1967, dans son uchronie La Porte des mondes, Robert Silverberg imagine une Peste noire si terrible que l'Europe du XIVe siècle, dévastée, aurait été colonisée par un Empire ottoman devenu l'une des grandes puissances du XXe siècle, aux côtés de la Russie, du Japon ou de l'Empire aztèque. Cette « grande divergence » fictionnelle, érigeant la peste en tournant de l'histoire mondiale, est l'envers d'un miroir dont le reflet bien réel est connu : ce serait à partir du temps de la peste que l'Europe a commencé à étendre son emprise sur le reste du monde. S'interroger sur ce paradoxe montre que la peste est indissociable de ses effets à long terme sur les sociétés européennes, dont la mesure n'a rien d'évident. Les liens familiaux rompus Les récits de l'hécatombe elle-même sont d'autant plus frappants qu'ils sont peu nombreux. Depuis Avignon, en 1348, le musicien et chapelain Louis Sanctus de Beringen décrit la panique d'un monde où les liens ...

XVIe et XVIIIe siècle : On n'en sort pas - La faute aux Ottomans ? / Etienne Anheim in L'Histoire, N° 509-510 (Juillet-Août 2023)

Public ISBD [article]  in L'Histoire > N° 509-510 (Juillet-Août 2023) . - p. 78-84 Titre : XVIe et XVIIIe siècle : On n'en sort pas - La faute aux Ottomans ? Type de document : Livres, articles, périodiques Auteurs : Etienne Anheim, Auteur Année de publication : 2023 Article en page(s) : p. 78-84 Langues : Français (fre) Mots-clés : peste  Méditerranée  panique  morts Note de contenu : Aux XVIIe et XVIIIe siècles les retours de peste désolent régulièrement les rives de la Méditerranée. Les Ottomans sont accusés de propager le mal. Pourtant, la Sublime Porte fut loin d'être inactive dans la lutte contre la maladie. En 1670 Gabriel Gómez de Losada, un frère mercédaire1 espagnol, publie à Valence le récit de son voyage à Alger où il a brièvement séjourné pour porter secours aux captifs chrétiens qui y étaient détenus. Dans son ouvrage, Losada décrit longuement les ravages causés par la peste dans la ville ottomane. Elle s'y propage à la faveur de la saleté des rues et de l'incurie des autorités locales, qui n'instaurent aucune procédure de désinfection ou de quarantaine envers les navires accostant dans son port : « La cause première est qu'[elles] admettent tous ceux qui viennent du Levant, où la contagion est très persistante. » Cette idée d'une peste endémique en Afrique du Nord et au Levant en raison de l'incapacité ottomane à mettre en place des mesures sanitaires n'est pas une invention de Losada. C'est même un lieu commun dans l'Europe occidentale des XVIIe et XVIIIe siècles, où médecins, diplomates et érudits dépeignent l'Empire ottoman comme un foyer de peste a ... [article] XVIe et XVIIIe siècle : On n'en sort pas - La faute aux Ottomans ? [Livres, articles, périodiques] / Etienne Anheim, Auteur . - 2023 . - p. 78-84. Langues : Français (fre) in L'Histoire > N° 509-510 (Juillet-Août 2023) . - p. 78-84 Mots-clés : peste  Méditerranée  panique  morts Note de contenu : Aux XVIIe et XVIIIe siècles les retours de peste désolent régulièrement les rives de la Méditerranée. Les Ottomans sont accusés de propager le mal. Pourtant, la Sublime Porte fut loin d'être inactive dans la lutte contre la maladie. En 1670 Gabriel Gómez de Losada, un frère mercédaire1 espagnol, publie à Valence le récit de son voyage à Alger où il a brièvement séjourné pour porter secours aux captifs chrétiens qui y étaient détenus. Dans son ouvrage, Losada décrit longuement les ravages causés par la peste dans la ville ottomane. Elle s'y propage à la faveur de la saleté des rues et de l'incurie des autorités locales, qui n'instaurent aucune procédure de désinfection ou de quarantaine envers les navires accostant dans son port : « La cause première est qu'[elles] admettent tous ceux qui viennent du Levant, où la contagion est très persistante. » Cette idée d'une peste endémique en Afrique du Nord et au Levant en raison de l'incapacité ottomane à mettre en place des mesures sanitaires n'est pas une invention de Losada. C'est même un lieu commun dans l'Europe occidentale des XVIIe et XVIIIe siècles, où médecins, diplomates et érudits dépeignent l'Empire ottoman comme un foyer de peste a ...